Le meilleur pour la fin

Ça y est, c’est fini… Le PB86 bénéficie depuis hier soir de vacances anticipées. Avec un bilan comptable de quatorze succès pour vingt revers, le finaliste des playoffs 2014 n’aura jamais vraiment lutté pour une place dans le Top 9. C’est la première fois qu’une telle mésaventure lui arrive en quatre saisons de Pro B. Bien sûr, cet annus horobillis fait tâche dans sa courte histoire, mais on retiendra tout de même que ce groupe si souvent décrié a soigné sa sortie.  

 

Face à une Chorale à la trajectoire ascendante, ça commence pourtant par une absence. De celles qui vous refroidissent d’entrée une salle à l’ambiance bon enfant. La Chorale est en mission et ne fait pas semblant, dans le sillage de son très prolifique ailier Raphaël Desroses. En trois minutes, l’ancien Limougeaud inflige un 10-0 au PB86. Ruddy Nelhomme se voit dans l’obligation de demander un premier temps-mort. L’air de rien, le recadrage produit son effet. Greer, Soliman et Fitzgerald se relaient à la marque et Poitiers recolle au score fissa (10-14, 7e). Un double contre de Desroses sur Harley calme l’euphorie, mais n’émeut pas spécialement Arnauld Thinon. Le back-up de Carl Ona Embo à la mène démarre une folle série derrière l’arc, même si Tchicamboud and co conservent le contrôle du tempo (18-23, 10e), avec une zone 2-3 gênante à attaquer.

 

 

Une interception de Soliman conclue par un dunk de Kanté en contre-attaque réveillent enfin Saint-Eloi. Et l’air de rien, le PB se permet de passer devant au culot (24-23, 12e).  C’est alors que Thinon poursuit son festival de triples. Un, deux, trois puis quatre paniers primés dans le deuxième acte. Le lutin est chaud bouillant et la Chorale peine à suivre le rythme, malgré un Bernard King au diapason (32-28, 14e). Au meilleur moment de sa domination, le 14e de Pro B compte même jusqu’à cinq longueurs d’avance. Las… Frédéric Brouillaud s’ajuste et sort à son tour une nouvelle zone 2-3, propice à brouiller les cartes. Le mano a mano est intense et même ponctué de gestes de classe, comme ce dunk renversé de Kanté… refusé par M. Boué au motif que le ballon serait ressorti. Ruddy Nelhomme est férieux et écope même d’une faute technique juste après la pause, alors que l’excellent Yabusele et Young ont fait le job (42-46, 20e).

 

La tension monte même d’un cran, avec quelques petits gestes « d’amour » entre le vétéran Bernard King et le minot Harley. Qui ne se laisse absolument pas démonter et poursuit son œuvre de démolition sur l’ex-Havrais. Après un 7-0 logique (42-49, 50-49, 23e), l’arrière poitevin claque un dunk à deux mains sur jeu placé qui entretient la liesse. Pendant ce temps-là, Desroses poursuit son sans-faute avec une facilité déconcertante et gêne Poitiers aux entournures (25pts, 29 d’évaluation au final). Si bien que la Chorale aborde le dernier quart avec deux longueurs d’avance… Quelques coups de sifflet ici où là exaspèrent son coach, mais pas de quoi fouetter un chat. Ce sont plutôt les dix-huit ballons perdus par coéquipiers d’André Young (5 pour lui !), dont sept dans le dernier quart qui plomberont les ambitions du relégué de Pro A. 

 

 

Malgré ces faits de jeu et une équipe de Poitiers accrocheuse en diable, l’écart ne grimpe pas (69-71,  37e). Soliman a la bonne idée de décrocher un « 2+1 » au meilleur moment, mais Ona Embo perd le ballon sur l’action d’après. Heureusement, Roanne ne gère pas beaucoup mieux ses possessions. Sur une contre-attaque, Harley provoque une faute de Yabusele... bonifié que par un seul lancer (75-73, 39e). L'air devient soudain irrespirable dans Saint-Eloi. D’autant que Yabusele, encore lui, annihile une nouvelle contre-attaque d’un contre autoritaire sur Harley. Dans la foulée, après un lancer raté de Tchicamboud, il reste trois secondes sur la possession poitevine et douze au tableau d'affichage. Fitzgerald provoque la faute de King… que tout le banc roannais conteste ! Mais lui aussi se rate sur la ligne. Il faudra deux lancers de l’inévitable Carl Ona Embo et un… dernier marcher de Young pour verrouiller ce quatorzième succès de la saison. Un succès auquel Williams Soliman a grandement contribué, avec ses 11pts, 2 contres, 5 rebonds et 20 d’évaluation. Un joli lot de consolation ! 

 

A Poitiers, salle Jean-Pierre Garnier, PB86 bat Chorale de Roanne 79-75. Mi-temps : 42-46. Arbitrage de MM. Boué et Tartare. 2164 spectateurs. 

 

Poitiers. Ona Embo (9), Fitzgerald (12), Greer (7), Harley (11), Guillard (7), Soliman (11), Thinon (12), Joseph (4), Kanté (6). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 

 

Roanne. King (10), Tchicamboud (5), Jackson (8), Desroses (25), Yabusele (9), Young (10), Vebobe (8). Entraîneur : Frédéric Brouillaud.  

 

 

 

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « C’était juste un match pour clôturer une saison très frustrante et décevante par rapport aux résultats. On souhaitait faire un gros match pour le public, qui a été très présent toute la saison. C’est peut-être notre pire saison en termes de résultat depuis que je suis entraîneur. Maintenant, cette victoire fait plaisir, même si elle n’occulte pas tout ce qu’on fait de moins bien. On a fait le minimum, à savoir le maintien. (…) Il ne faut pas oublier que l’année dernière, nous étions en finale des playoffs, avec des victoires incroyables. C’est le sport, même s’il y a un ensemble d’éléments qui font que nous en sommes arrivés là. Il ne faut pas tout jeter… Bien sûr que l’équipe professionnelle est la vitrine, mais il y a des jeunes derrière aussi. Kevin ? C’est bien qu’il soit sur la liste (des remplaçants de l’équipe A’, Ndlr). Concernant son avenir, il est encore sous contrat avec nous (comme Guillard, Thinon et Greer, Ndlr), sait ce qu’il a ici. Après, il s’est affirmé, a évolué, c’est à lui faire les bons choix. Il a apporté beaucoup à Poitiers. »

 

Kevin Harley (arrière du PB86) : « On se devait de gagner ce match, parce que le public a toujours été présent cette année. C’était la moindre des choses de bien finir devant notre public. Mon avenir ? Je ne sais pas où je serai la saison prochaine, j’ai une clause de sortie. Je vais aller faire le camp de Trévise et je verrai après. »

Mike Joseph (intérieur du PB86) : « C’est une satisfaction d’avoir eu du temps de jeu ce soir, surtout que j’ai eu une première partie de saison un peu compliquée. Sur la fin, j’ai su me ressaisir et ‘exprimer un peu. »

 

Pierre-Yves Guillard : « Ça ne change rien au bilan d’ensemble, mais c’est intéressant de voir que le public a été présent toute l’année. Le basket a un bel avenir à Poitiers. Il fallait gagner ce match pour les supporters. C’est une bonne chose de terminer sur cette note. L’agressivité ? C’est ce qui nous a manqué cette saison. »

 

Frédéric Brouillaud (entraîneur de Roanne) : « Il y a un facteur clé, c’est que nous ne perdons que cinq ballons en première mi-temps et treize en seconde. C’est un facteur important, qui pèse dans la balance. Maintenant, je pense que l’arbitrage a été pour quelque chose dans le résultat, car nous avons eu une bonne sélection de tirs. On a aussi eu une déficience à donner le ballon à l’intérieur et, en première période, on a eu du mal à donner le ballon à l’intérieur. Ce sont des détails qui pèsent lourd… Maintenant, je suis assez mécontent de la prestation des arbitres, dans l’incohérence, pas forcément dans les coups de sifflet. »

 

Raphaël Desroses (ailier de Roanne) : « Il nous a manqué de la lucidité et un peu d’agressivité, même si c’est dur de l’être quand il y a certains coups de sifflet. Je ne blâme pas les arbitres, ça m’arrive aussi de rater des matchs. D’un autre côté, on doit quand même réussir à passer outre. Ma prestation ? Il y a eu de bons décalages, les shoots qu’il fallait. Mais ce que je retiens le plus ce soir, c’est qu’on n’a pas réussi à gagner en milieu hostile. »

Photo Seb Jawo