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Le centre Henri- Laborit ambitionne de réunir, au sein d’un Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa86), quatre structures médico-sociales jusquelà disséminées sur le département. Un permis de construire a été déposé, pour une implantation sur le Biopôle. Entreprises du site et riverains du Pâtis s’inquiètent…
Les vieux murs du Cipat des Trois-Cités et du Tourniquet de la rue Jean-Jaurès pourraient ne pas survivre durablement aux assauts du temps. D’ici à décembre, peut-être au printemps prochain, la mutualisation des moyens souhaitée, depuis plusieurs années déjà, par le centre hospitalier Henri-Laborit, pourrait en effet contraindre les personnels de ces unités à migrer sous des cieux communs.
L’hôpital envisage de fusionner les effectifs et les compétences de deux structures, l’une dédiée à la prise en charge de l’alcoologie, l’autre à l’accompagnement et au traitement de la toxicomanie, au sein d’un tout nouveau Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Les y rejoindraient l’Unité en milieu carcéral, créée au centre pénitentiaire de Vivonne, et l’unité jeunes et addictions, addictions comportementales A-Proche, implantée à Poitiers et Châtellerault. « L’éparpillement géographique de ces entités rend leur gestion difficile, étaie le psychiatre Jean- Jacques Chavagnat, médecin coordonnateur. Rassembler en un même lieu médecins, psychologues et infirmières (ndlr : sans compter les secrétaires) spécialisés dans l’addictologie au sens large va offrir une garantie de soins et de suivi optimaux. »
Pourquoi au Biopôle ?
L’implantation du Csapa 86 est donc désormais programmée. Il prendra place dans un bâtiment modulaire de 800m2, dont la construction a été confiée à l’entreprise yonnaise Yves Cougnaud. Un lieu a été trouvé et un permis de construire déposé. Et c’est justement là que le bât blesse. Car le site d’accueil choisi ne dépend pas de Laborit. Il s’étend à deux pas de là, sur le Biopôle, une zone d’activités économiques sortie de terre au milieu des années 2000 et dont les entreprises hôtes ne voient pas d’un très bon oeil l’arrivée d’un centre pour « addicts ».
« J’ai en ma possession un courrier des services de Jacques Santrot, daté de juin 2006, qui précise que la zone du Biopôle est exclusivement réservée aux entreprises de biotechnologies et activités associées. Si j’avais su qu’un jour, un tel centre, à dimension médico-sociale, s’installerait devant ma porte, je n’aurais sans doute pas acheté. » L’homme qui s’exprime se nomme Jean Mainguet et est le propriétaire du terrain occupé par l’entreprise qu’il a autrefois créée, LaboControle. Comme ses collègues des environs et nombre d’habitants du Pâtis voisin, M. Mainguet craint que « la fusion des structures » voulue par Laborit favorise des « attroupements néfastes à l’image du Biopôle ». « Nous aussi avons peur que les enfants du quartier soient exposés à la promiscuité avec de jeunes toxicomanes, des marginaux, pourquoi pas des chiens, alors même qu’on vient de nous annoncer la création d’un city-park tout à côté, abonde André Chatry, référent du conseil de quartier du Pâtis. Le projet de Csapa est acceptable en soi, mais nous ne comprenons pas pourquoi il a été conçu ici, au milieu des habitations. »
Au coeur du débat, le Dr Chavagnat reste stoïque. « Je sais que les riverains sont inquiets, mais je ne peux que les rassurer. Aux Trois-Cités comme rue Jean- Jaurès, le Cipat et le Tourniquet fonctionnent, depuis des lustres, au contact direct de la population. Et il n’y a jamais eu de problème. » Il en faudra sans doute plus pour apaiser les doutes…
Jean Mainguet n’en démord pas : « La Mairie n’a pas consulté les riverains pour l’implantation de ce centre. » Remonté, il ajoute : « J’ai la fierté de dire que mon entreprise fonctionne bien et que j’avais des projets d’extension. A quoi bon, désormais ? L’image de marque du secteur, quoi qu’on en dise et quoi qu’on y fasse, va être altérée. Imaginez si je veux revendre. Imaginez encore qu’un jour, une loi soit votée en faveur de l’autorisation des salles de shoot. Eh bien moi, je n’ai pas envie qu’on les installe sous ma fenêtre. »
Conciente que la "nouveauté est souvent source d'appréhension", la Municipalité assure se tenir à la disposition des habitants de Pâtis. "La pédagogie, l'appropriation de la connaissance d'un sujet, est importante", assure-t-elle, tout en réclamant que l'intérêt général prime in fine.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.