Aujourd'hui
L’association d’entraide aux plus démunis a choisi de donner la parole aux personnes qu’elle accompagne sur des chemins de vie souvent chaotiques. A l’image de Jacques, 53 ans, d’une étonnante lucidité sur lui-même.
Il faut s’y habituer, l’Entraide sociale poitevine n’est plus. « Audacia, un nouveau visage de la solidarité » a vu le jour dans le courant de l’année 2013 et traduit en mots les desseins de l’association cinquantenaire. Des maux aux mots, il n’y a d’ailleurs qu’un pas qu’Audacia franchit avec le souci d’un maximum d’humanité. Chaque année, 1600 histoires singulières, « toutes bouleversantes et dramatiques » se mêlent et s’entremêlent entre les murs des pôles (personne isolée, famille-enfance, migrant, handicap-perte d’autonomie, habitat et logistique), dirigés par Jean-Marc Jouve et ses équipes. Cent dix salariés s’affairent au quotidien pour épauler ces accidentés de la vie.
« Des personnes qui ont quelque chose à dire », veut croire le directeur général. Ainsi, par la plume de Gaëlle Tanguy, en charge de la communication, Jacques est le premier à se livrer à un exercice qu’Audacia entend pérenniser : le témoignage sans fard, brut. Ce résident du Logis de la Cour, à Jazeneuil, se raconte sans retenue. Extraits : « Ma mère s’est suicidée, mon père s’est noyé, ma petite sœur est morte. Ça fait beaucoup d’événements familiaux difficiles. C’est peut-être pour ça… » Pour ça que Jacques, 53 ans, schizophrène, a connu trente ans d’errance, entre hospitalisation et petits boulots comme palefrenier dans un centre équestre, un cirque…
« Le Logis m’a sauvé la vie »
A l’écouter, le Logis lui a « sauvé la vie » depuis qu’il l’a intégré en 2002. « Je sais que je ne suis pas capable de vivre et de m’occuper d’un appartement. » Ici, Jacques veille sur des ânes et des poneys –Chocolat, Tina, Câline…-, fait du théâtre, participe à l’atelier chant « avec Pierre », à l’atelier arts plastiques « avec Christine ». Il dessine, s’adonne à la pyrogravure. En apparence donc, le Poitevin a retrouvé un peu de sérénité. En apparence seulement, car il n’a « pas de projet et vit au jour le jour ». L’avenir l’angoisse autant que le monde extérieur.
Avec une étonnante lucidité, Jacques sait qu’il a « perdu sa liberté à 23 ans » au moment de ses premières hospitalisations pour ce que vous savez. La schizophrénie nécessite des traitements si lourds qu’ils vous enferment dans un cocon. Jacques a pourtant « la nostalgie du soleil de la Corse », où il a passé un bout de temps. « Si j’étais plus jeune, j’y retournerais. Il fait toujours chaud, il y a la montagne et la mer. » Faute de réaliser son rêve, il couve de toute son attention les poneys du Logis de la cour. « Les bêtes, elles nous rendent tout ce qu’on leur donne. » Son témoignage complet est à retrouver sur le site Internet d’Audacia. A méditer.
Plus d’infos sur les activités de l’association Audacia au 05 49 03 18 60 ou sur le site www.audacia-asso.fr
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.