Affaire Chazerans, suite et fin ?

Malgré l’abandon des poursuites pénales pour apologie d’actes de terrorisme formulées à son encontre, Jean- François Chazerans passera, ce vendredi, devant la commission de discipline du rectorat. L’épilogue -ou presqued’une affaire étonnante à la tournure inédite.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Suspendu, poursuivi pour apologie d’actes de terrorisme, gardé à vue… Jean- François Chazerans aura vécu un début d’année qu’il n’est pas près d’oublier. Ce vendredi, il passera devant la commission de discipline du rectorat, qui donnera ensuite son avis sur d’éventuelles sanctions à appliquer. Rappel des faits.

Le 8 janvier dernier, alors qu’il donne un cours à ses élèves de terminale du lycée Victor-Hugo, le professeur de philosophie aborde, à la demande de ses élèves, les récents attentats de Charlie Hebdo. Il est suspendu, quelques jours plus tard, par le recteur, pour « propos inadéquats » et une enquête judiciaire est dès lors ouverte pour apologie d’actes de terrorisme. « Tout est parti d’une plainte d’un parent d’élève formulée au proviseur du lycée, répète aujourd’hui Amaury Auzou, l’avocat de Jean-François Chazerans. D’après cette personne, mon client aurait déclaré que « les crapules de Charlie Hebdo méritaient d’être tuées » et que le « terrorisme produit de l’impérialisme ». Auditionnée par les enquêteurs, l’élève a finalement déclaré à deux reprises ne pas avoir compris les propos de mon client. »

Constatant la faible consistance des charges retenues contre Jean-François Chazerans, le procureur de la République a finalement prononcé la relaxe pénale. « Je tiens à saluer le travail mené par les enquêteurs de la police judiciaire, souligne l’avocat. Tous les témoignages ont été pris en compte et cela a conduit, tout naturellement, au classement sans suite. » Seulement voilà, malgré l’abandon des poursuites judiciaires, le professeur de philo n’en a pas terminé avec le rectorat, qui l’a convoqué devant la commission de discipline.

Pas de plainte pour diffamation envisagée

Composée de dix-neuf membres de l’administration et de dix-neuf représentants des professeurs certifiés, l’assemblée se réunira, ce vendredi, pour statuer sur le cas Chazerans. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle ne donnera qu’un avis consultatif. « La commission étudie le dossier et propose ensuite, à la manière d’un tribunal, d’abandonner les poursuites ou bien d’appliquer une sanction, qui peut aller du simple blâme à la révocation, explique Magali Espinasse, co-secrétaire académique du Snes-FSU. La décision finale appartient ensuite au recteur qui, s’il décide de prononcer une sanction importante, devra solliciter la ministre Najat Vallaud-Belkacem. »

De telles mesures semblent inappropriées si l’on en juge par les précédentes affaires sanctionnées par la commission. « Les sanctions de catégorie 3 et 4 (les plus fortes, ndlr) ne sont généralement appliquées que pour des cas avérés de pédophilie ou de violences extrêmement graves, déjà condamnés en pénal. »

De son côté, Amaury Auzou dénonce une enquête administrative « bâclée » par les agents du rectorat, mais assure néanmoins que son client et lui se présenteront « sereins », ce vendredi, devant la commission. « Cette affaire a pris de telles proportions que j’en rigole aujourd’hui. Si tout le monde revient à la raison, aucune sanction ne sera prononcée. »

L’avocat assure également qu’en cas de relaxe, son client ne portera pas plainte, à son tour, pour diffamation. « Jean-François Chazerans n’éprouve aucune rancoeur envers l’élève et ses parents et aurait préféré que l’affaire se règle par un coup de téléphone plutôt qu’elle prenne une telle ampleur. »

Malgré nos nombreuses sollicitations, le rectorat n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Rendez-vous vendredi pour la décision finale.

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