Ces violences du quotidien

Il y a dix jours, l’association L’Enfant bleu révélait que plus d’un Français sur dix avait été victime de maltraitance dans son enfance. Derrière ce chiffre choc, une réalité bien visible : la hausse des violences intra-familiales. Les travailleurs sociaux y sont régulièrement confrontés.

Arnault Varanne

Le7.info

Il y a des semaines où l’emballement de violences atteint des sommets inexpliqués. Celle qui vient de s’écouler fut intense pour Charline Fournier et Carla Tente. En deux jours, l’éducatrice spécialisée et l’assistante sociale de l’association Prism- Adsea (*) ont été confrontées à quatre situations d’urgence : des soupçons de maltraitance sur un nourrisson de 18 mois, une adolescente en proie à des souffrances psychologiques, des conditions de vie dégradées pour une mère et ses enfants et une ado réfugiée dans le bureau du juge des enfants. Quatre cas d’espèce et une seule réponse : l’écoute et l’accompagnement.

Habilitée par l’Etat, l’association intervient sur deux volets. En amont, l’investigation de terrain pour « comprendre et aider le juge des enfants à prendre la meilleure décision ». En aval, les travailleurs sociaux accompagnent les familles sur le plan éducatif. La justice passe, toujours… Mais on est loin des très médiatiques affaires Marina et Typhaine, du nom de ces deux jeunes filles décédées, en 2009, dans des conditions innommables. La complexité des cellules familles et « la précarité économique » jouent toutefois un rôle non négligeable dans la maltraitance infantile. « Les violences dans le couple ont souvent des répercussions graves sur l’enfant », estime Nadine del Coustal, directrice de Prism-Adsea.

Un lourd secret

Selon les chiffres dévoilés par la préfecture de la Vienne, ces violences intra-familiales ont représenté, en 2014, 1391 faits, sachant que les femmes sont les principales victimes. Face à cette situation dégradée, seul le déliement des langues permettrait de les protéger. Ce qui vaut pour les femmes vaut également pour « leurs » enfants. Dans son rapport choc (cf encadré), L’Enfant bleu note que 60% des victimes interrogées ont gardé le secret sans jamais le dévoiler. « Il est urgent de rompre la loi du silence », reconnaît Michel Martzloff, président de l’association nationale.

Aux yeux de beaucoup d’associations, la loi sur la protection de l’enfance, réformée en 2007, serait toujours insuffisante. Elles pointent notamment les délais d’instruction des enquêtes sociales. Dans cette histoire, tout le monde a un rôle actif à jouer pour éviter que des drames ne surviennent.

(*) Prism/ADSEA, Pôle Réparation pénale, Investigation, soutien éducatif et médiation de /Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte. Contact : 05 49 61 06 00.

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