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Pour fêter les quarante ans de la loi Veil, l’Espace Mendès-France accueille, le mardi 10 mars, une soirée « projection-débat » sur le thème de l’IVG. L’occasion de revenir sur le droit à l’avortement, qui ne fut pas acquis sans douleur…
La loi relative à l’interruption volontaire de grossesse -dite loi Veil- a été promulguée le 17 janvier 1975. Son histoire sera retracée lors d’une « soirée projection-débat », organisée le mardi 10 mars, à l’Espace Mendès- France (lire ci-dessous).
Héloïse Morel, doctorante en histoire au Criham (*), est à l’origine de cet événement. Bénévole au Planning familial et membre du collectif « 8 mars », elle rappelle que « le combat pour l’accès à l’IVG fut très long ». « Quarante ans après, on a parfois tendance à l’oublier… »
L’étudiante estime que les interruptions de grossesse ont « toujours existé ». Certains documents prouvent que les femmes y avaient recours dès l’Antiquité. « Elles utilisaient principalement des plantes comme abortifs, explique Héloïse. Après la Renaissance, la dissection du corps humain fut autorisée, ce qui permit d’en apprendre davantage sur le fonctionnement de l’appareil reproducteur féminin. Auparavant, on le comparait à celui d’une truie. »
Jusqu’en 1975, les avortements se pratiquaient dans la clandestinité. Au fil des décennies, les aiguilles à tricoter cédèrent leur place à des méthodes plus « abouties », quoi que tout aussi dangereuses. La dilatation et le curetage pouvaient entraîner de graves septicémies. « Il fallait voir dans quelles conditions ces avortements étaient pratiqués… Tout se passait sur une table de cuisine », se souvient Geneviève Humeau.
« L’IVG est une solution »
La Poitevine de 65 ans a accueilli, dans son appartement, des femmes au bord du désespoir. « Elles ne voulaient pas d’un enfant. L’idée leur apparaissait insupportable. Mais l’acte était tellement douloureux que certaines abandonnaient en cours de route. Les médecins, qui risquaient tout de même la radiation, faisaient de leur mieux… » Son militantisme n’a pas été sans conséquence… En décembre 1974, Geneviève a connu des ennuis judiciaires. « J’ai été dénoncée, sans doute par un voisin, avance-t-elle. J’ai eu énormément de chance car, un mois plus tard, la loi Veil a été promulguée. Toutes les poursuites ont été abandonnées. »
A souligner que la ministre de la Santé ne s’est pas battue pour des raisons purement féministes… « Elle s’attaquait avant tout à un problème de santé publique : des femmes mouraient, il fallait faire quelque chose », rappelle Héloïse Morel.
Aujourd’hui, cet acquis reste fragile. En janvier 2014, l’Assemblée nationale a voté la suppression de la « notion de détresse », mais le délai légal d’avortement reste figé à quatorze semaines d’aménorrhée. « Tous les mois, nous recevons des femmes qui ont dépassé ce délai. Elles sont obligées d’aller en Espagne, aux Pays-Bas ou en Angleterre », s’alarme Nicette Bougnet, bénévole au Planning familial de Poitiers.
Au sein de l’association, elles trouvent une écoute attentive et des conseils précieux. « Certaines arrivent totalement paniquées. Nous sommes aussi là pour les déculpabiliser, explique Nicette. Et arrêtons de croire que celles qui ont recours à l’avortement sont des cruches ! L’IVG est une solution, pas un problème. »
(*) Centre de recherche interdisciplinaire en histoire, histoire de l’art et musicologie.
Près de 220 000 IVG sont pratiquées en France chaque année. 15 000 concernent des mineures. Plus d’une femme sur trois a recours à un avortement dans sa vie, dont les deux tiers utilisant une méthode contraceptive.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.