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En l’espace de trois ans, la branche française de la société américaine Airbnb s’est imposée comme un acteur majeur de la location immobilière de particulier à particulier. Dans la Vienne, près de deux cents personnes utilisent la plateforme communautaire pour louer leur bien.
Il est 18h ce mardi de février. Dans son T2 du centre-ville, Marie attend l’arrivée de touristes anglais, de passage à Poitiers pour trois jours. La jeune femme de 32 ans a prévu, quant à elle, de partir profiter du soleil au Maroc. Et plutôt que de laisser son logement inoccupé pendant sa semaine de vacances, elle a décidé de le louer, via la plateforme Airbnb. 40€ la nuit ! A ce tarif, les demandes affluent, Marie est ravie. « Le couple d’Anglais que j’attends restera deux nuits et laissera ensuite la place à des Parisiens, qui occuperont l’appartement jusqu’à mon retour, détaille-t-elle. En tout, cela me rapportera près de 250€, soit la moitié du coût de mon voyage au Maroc. »
Comme Marie, ils sont près de deux cents dans la Vienne à avoir franchi le pas, en déposant une annonce sur Airbnb. Chacun des locataires particuliers a reçu, gratuitement, la visite d’un photographe professionnel, invité à « shooter » le logement pour le rendre attractif sur la plateforme. Résultat : des annonces belles et détaillées. « Présenter les choses de manière claire permet à nos clients voyageurs de se projeter plus facilement, explique Sarah Roy, responsable des relations publiques chez Airbnb. Les propriétaires sont séduits par la gratuité du dépôt de l’annonce et, par conséquent, leur nombre augmente de jour en jour. »
Plus d’offres donc, mais aussi plus de demandes, si l’on en croit les chiffres. Depuis son ouverture, en 2012, la branche française est passée de sept mille annonceurs à plus de cent mille et revendique trois millions de voyageurs.
Une concurrence déloyale ?
Si bien que certains commencent à voir ce succès d’un mauvais oeil. À commencer par les hôtels qui, malgré une fréquentation en hausse en 2014 sur la zone Poitiers-Futuroscope (+0,8%), voient en Airbnb une concurrence quelque peu déloyale. « En plus de pratiquer des prix relativement bas, ils ne sont soumis à aucune norme et ne paient pas de taxe de séjour, note Emmanuel Wender, vice-président du Cercle des hôteliers de Poitiers. Cela ne nous est, pour le moment, pas trop préjudiciable, mais nous nous inquiétons pour l’avenir. »
Même constat du côté des chambres d’hôtes et des campings, pour qui le développement d’Airbnb dans les zones rurales, de vacances et de montagne, n’est pas une bonne nouvelle. De son côté, la société américaine se veut rassurante. « Nous ne sommes pas là pour impacter le marché de l’hôtellerie et de la location saisonnière, reprend Sarah Roy. Nous ne nous adressons pas aux mêmes publics, aux mêmes besoins. La preuve, le taux de remplissage des hôtels n’a jamais été aussi fort en France. » L’avenir nous dira si le modèle « vertueux » d’Airbnb ne sera pas à la location ce que les VTC (Véhicules de transport avec chauffeur) sont aujourd’hui aux taxis. Affaire à suivre.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.