Aujourd'hui
Le réalisateur poitevin Vincent Lapize a passé deux ans à Notre-Dame-des-Landes, au côté de ceux qui se battent contre la construction du nouvel aéroport de Nantes. Il prépare la sortie d’un documentaire intitulé « Le Dernier Continent ». Loin des clichés souvent véhiculés par les médias. A Echillais aussi, les « Zadistes » luttent contre l’inéluctable…
A l’autre bout du fil, sa voix est aussi claire que déterminée. Depuis plusieurs mois, Thierry Kieffer et ses voisins d’Echillais, en Charente-Maritime, se battent contre le projet d’incinérateur, voulu par le Syndicat intercommunal du littoral (Sil).
Dans la nuit du 30 au 31 décembre, ils ont été rejoints par une quinzaine de jeunes que l’on appelle aujourd’hui des Zadistes. Ces étudiants, pour la plupart, ont construit des cabanes de fortune sur place, dans le but de « défendre la Zone » à quelques jours du début des travaux. « Ils habitent presque tous à une trentaine de kilomètres autour de la commune et ont réagi très vite lorsque les premiers échanges se sont noués sur Facebook », témoigne le membre actif du Pays rochefortais alerte. L’ordre d’expulsion, « délivré » par le Tribunal administratif de Poitiers, n’a jusque-là eu aucun effet. « Ça ne se fera pas sans doute pas avant les Départementales. »
De Sivens à Gonesse, de Nice à Notre-Dame-des-Landes, le concept de « Zones à défendre », détournement subtil de Zone d’aménagement différé, essaime partout dans l’Hexagone. Cette forme de contestation physique, Vincent Lapize l’a observée de près, en Loire-Atlantique. Pendant près de deux ans, le réalisateur poitevin a partagé le quotidien des Zadistes. De ceux qui ont élu domicile sur des terres agricoles, dont ils refusent qu’elles se transforment en aéroport géant. « Je n’ai pas fait un film sur les Zadistes, mais sur les nouvelles formes d’espoir politique », prévient d’emblée l’ancien étudiant du Master de réalisation documentaire de l’université de Poitiers.
« Des gens très différents »
Etudiants, paysans, activistes, sympathisants… Il a rencontré là-bas « beaucoup de gens différents, qui expérimentent une nouvelle forme de vie collective ». « Le Dernier continent » pose des tas de questions sur cette « mobilisation directe », face à laquelle les pouvoirs publics semblent désemparés. « Ce que j’ai retenu, c’est cette volonté de pratiquer la démocratie à une échelle locale », témoigne encore Vincent Lapize.
Dans quelques semaines, son film devrait sortir sur les écrans de cinéma, voire à la télévision. En attendant, les co-producteurs « Réel Factory » et « A perte de vue » tentent de collecter au moins 8 500€ sur la plateforme Ulule(*), dans l’espoir de sortir « Le Dernier Continent » en version longue et donc de toucher un plus large public.
Autour des « Zones à défendre », le terrain de l’action rejoint souvent celui de la communication. La guerre d’usure entre promoteurs d’un projet et opposants se transforme aussi en lutte d’influence. A Echillais, les antiincinérateurs ont prévu de battre le rappel de la contestation, le 12 mars. Leur mot d’ordre ? Tenir coûte que coûte face à l’inéluctable.
(*) http://fr.ulule.com/dernier-continent/
Si le terme de Zones à défendre (Zad) semble relativement récent, la défense d’un territoire par certains habitants ne date pas d’hier. Dans la Vienne, deux projets d’ampleur ont cristallisé les tensions au cours des vingt dernières années. L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) avait retenu La Chapelle-Bâton comme site d’accueil d’enfouissement de déchets nucléaires. Devant la résistance des habitants du canton de Charroux, l’Agence avait jeté l’éponge en 1998. En 2003, le Naturascope d’un certain René Monory s’était heurté au même barrage citoyen
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Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.