Cuisine (politique) et dépendance

A quelques semaines des élections départementales, la rédaction vous propose une série de quatre papiers sur les dossiers chauds, auxquels les futurs élus devront se confronter. Premier volet, la dépendance des personnes âgées. Vous entendrez bientôt parler de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement.

Arnault Varanne

Le7.info

Le texte devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2016. Il contient plusieurs mesures phares, comme la création d’une aide aux aidants de 500€ par an, un droit au répit pour les proches de personnes dépendantes ou encore… le relèvement de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile.

Dans la Vienne, le Schéma d’autonomie 2015-2019 du Conseil général fait justement du maintien à domicile des seniors l’une de ses priorités. Et on comprend aisément pourquoi ! En 2015, la dépendance coûtera un peu plus de 53M€ au Département, dont 34,4M€ rien que pour financer l’APA, sur un budget total de 422M€. Le delta (17,6M€) sert à financer l’hébergement dans les Ehpad. « Nous sommes dans la moyenne des départements français », analyse Christian Dubreuil.

Le directeur général adjoint des Solidarités du CG86 et ses services prévoient un millier de nouveaux bénéficiaires dans les cinq ans à venir, soit autant que lors de la période précédente. Ils sont aujourd’hui 9300 à percevoir l’allocation, dont 4950 vivent encore à leur domicile. 107 ans et à la maison Mais les prévisions de l’Insee ont de quoi donner des sueurs froides aux futurs élus du conseil départemental. D’ici à 2030, l’Institut table sur une progression de… 38% du nombre de personnes âgées dépendantes. En Charente-Maritime, ce sera carrément 46% ! Qui dit dépendance accrue dit aussi dépenses supplémentaires.

En jetant un oeil dans le rétro, on s’aperçoit que le financement de l’APA a plus que doublé depuis 2002. Maintenant, il faudra faire avec, car le législateur compte a priori sur les Départements pour gérer la question de la dépendance. « Nous sommes confrontés à un autre problème, relève Marion Andrault-David, directrice « Handicap et vieillesse » au Conseil général. Les coûts de construction des Ehpad ont énormément augmenté. C’était 63 000€ par lit en 2007, nous sommes à 100 000€ aujourd’hui ! »

Dans le même temps, le Département a plafonné son aide sociale à 52€ par jour, sachant que 1900 des 5500 places en Ehpad sont éligibles à ladite aide sociale. La distorsion entre l’hébergement dans les établissements et les moyens financiers des familles posera, de fait, un problème à l’avenir. A moins d’avoir la santé de ces deux centenaires -107 ans exactement !-, parfaitement autonomes dans leur maison. La médaille (du vieillissement) a son revers positif en termes économiques. Dans la Vienne, la dépendance ferait travailler 4425 équivalents temps plein, pour quelque 153,4M€ de masse salariale. Des chiffres sur lesquels les élus départementaux feraient bien de s’appuyer au moment de se pencher audessus du berceau de nos aînés.

La semaine prochaine, retrouvez le deuxième volet sur les collèges.

À lire aussi ...