Quelle orgie offensive !

Sur les ailes d’un Jeff Greer stratosphérique, le PB86 a conquis de haute lutte un deuxième succès consécutif à la maison, face à une accrocheuse équipe de Charleville-Mézières. Saint-Eloi a achevé la soirée ivre de bonheur.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis quelque temps, Saint-Eloi était devenu le temple du désamour. A la veille de la Saint-Valentin, le PB86 s’était promis de draguer à nouveau son public, a fortiori après la tentative de rabibochage réussie du week-end précédent. Au menu de ces retrouvailles, un sanglier des Ardennes peu enclin à se laisser abattre ! La (nouvelle) love-story démarre sous les meilleurs auspices. En guise de préliminaires, les ouailles de Ruddy Nelhomme proposent carrément… une orgie offensive à leurs supporters. Ce sera le leitmotiv de la soirée. L’expérience aidant, Jeff Greer s’y colle en premier, sur la foi d’une adresse diabolique. En face, l’Etoile de Charleville pâlit à vue d’œil, éclipsée par une fébrilité offensive inhabituelle. 

 
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que Lemyk puis Williams sonnent le réveil (12-12, 6e). La sortie de Fitzgerald, en lieu et place, du soldat Joseph ranime la flamme. Le Guyanais gobe un rebond au nez et à la barbe des grands compas de Pourchot (2,22m !) et son pote Harley assure à la finition. Le public rosit de plaisir sur un triple de Kanté, qui porte l’avance des siens à dix points. Les Carolos tentent de suivre le rythme d’enfer imposé par leur hôte, à l’image d’un Romaine Dardaine décomplexé loin du panier (29-26, 13e). Le «rapproché» est facilité par une domination sans partage au rebond, notamment offensif (dix dans le deuxième acte). Maintenant, cette seule ligne de stats ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits. Car Poitiers est chaud comme la braise et passe un nouveau 9-0 à des Ardennais sur le c… Greer, homme du match, poursuit son œuvre par deux triples avant la pause (50-37, 20e). Seule ombre au tableau : la sortie prématurée de Lamine Kanté pour un coup reçu sur le genou. 

Quel final !

C’est d’ailleurs un autre fait de jeu qui va remettre le promu sur la piste du succès. A +16, le PB perd (momentanément) son prodigue vétéran dominicain. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, ce dont Pratt et l’insolent Thalien se fichent comme de leur première chemise. Adroits en diable, avec Williams au relais de leur soif de succès, les Carolos plombent l’ambiance. A l’orée du dernier quart, Nelhomme et ses boys n’en mènent pas large. Leur avance a fondu comme une bougie de chandelier sur une table d’étoilé Michelin et Thalien (16pts, 4/7 à 3pts) est toujours aussi bouillant. Ona Embo prend ses responsabilités, Thinon aussi, dans un incroyable concours de shoots longue distance, mais ce n’est pas suffisant pour décourager le 15e de Pro B. La technique infligée à Cédric Heitz a même le mérite de galvaniser ses troupes, qui passent à leur tour un 9-0 à Poitiers. 
 
Moins cinq, quatre minutes à jouer. La soirée romantique vire au cauchemar dramatique. Heureusement, Harley, excellent de bout en bout, monte sur ses grands chevaux et plante une banderille assassine dans le corner (82-83, 37e). L’idylle redémarre de plus belle, d’autant qu’Ogide transforme ses lancers derrière. Poitiers reprend le pouvoir… le temps de l’écrire. Car Lemyk s’offre à son tour son moment de gloire, bientôt rejoint par Williams. Sauf qu’entretemps, Jeff Greer a recouvré tous ses moyens. Trente secondes à jouer et +4 au compteur sur deux lancers d’Ona Embo. Le mano a mano, crispant au possible, s’achève à 7’’9’’’. Le PB est devant d'un point, Thinon  se troue sur la ligne de réparation… mais Harley provoque la faute de Dardaine sur le rebond. Colère monumentale du coach ardennais ! Lancers transformés (98-95). Sur la dernière action, Williams rate la mire. Saint-Eloi est en transe après la prestation orgasmique de ses (h)éros. Ah, l’amour… 

La stat
71. Soit le pourcentage de réussite du PB86 à trois points. En transformant quinze de ses vingt et un tirs, Poitiers a battu tous les records d'adresse. Mention spéciale à Jeff Greer (7/10) et Carl Ona Embo (4/5). 
 
La fiche
A Poitiers, salle de Saint-Eloi, PB86 bat Charleville. Mi-temps : 50-37. Arbitrage de MM. Boué et Murillon. Evolution du score : 26-17, 50-37, 69-67, 98-95. 
 
Poitiers. Thinon (6), Harley (16), Greer (29), Soliman (4), Ona Embo (20), Kanté (5), Fitzgerald (5), Ogide (8), Joseph (5), Joumard, Cluzeau. Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 
Charleville. Pratt (6),  Correia (2),  Thalien (16), Dardaine (11), Williams (21), Lemyk (19), Paschal (8), Pourchot (22). Entraîneur : Cédric Heitz. 

Photo Jordan Bonneau
 
 
Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) :
« Charleville est venue jouer ici sans pression et a produit un bon basket. On a pris ce match et on est contents de l’avoir pris. On aurait aimé être un peu plus rigoureux défensivement, mais il fallait avoir du caractère pour aller le chercher. L’équipe n’a pas flanché. Peut-être qu’il y a trois semaines, elle aurait déposé les armes. Après, j’espère qu’on pourra aller à Orchies avec Lamine, qui s’est pris un coup sur le genou. »
 
Carl Ona Embo (meneur du PB86) : « Il fallait vraiment rester forts à la fin pour gagner ce match. C’est ce qui comptait ce soir. Quand nous avons mené de seize points, nous nous sommes trop relâchés. Contre une équipe plus forte, on risque de prendre l’eau. L’attaque n’est pas le souci… »
 
Jeff Greer (ailier du PB86) : « Dans le troisième quart-temps, nous avons arrêté de défendre et manqué quelques tirs. Quand on mène de seize points, il faut continuer à défendre dur. Maintenant, c’est sans doute un match que nous aurions perdu il y a deux mois, donc nous avons franchi un cap. Nous n’avons pas paniqué sur la fin et c’est positif. »
 
Cédric Heitz (entraîneur de Charleville) : « Ce qui a été exceptionnel ce soir, c’est le match. Je pense que c’était sympa à regarder, c‘était vraiment du haut niveau, formidable, indécis, avec une adresse exceptionnelle… Jeff a été à son meilleur niveau. IL y a eu de la bagarre au rebond et, malgré tout, on a été dans le coup, même à moins treize à la mi-temps. Ce que je regrette beaucoup, c’est qu’on n’ait pas su quel était le véritable vainqueur dans ce match. Lorsque M. Boué décide de siffler une faute aussi lamentable dans un match aussi exceptionnel, il décide du match  à lui tout seul. Merci à M. Boué de nous éviter de voir la fin de ce film qui était passionnant. C’est lamentable d’arriver à ce niveau d’arbitrage. »
 
Vincent Pourchot (pivot de Charleville) : « Il y a beaucoup de frustration ce soir, mais il faut passer à autre chose très vite car nous avons un match important mardi. Poitiers a eu un Jeff Greer très très adroit. Après, il y a eu des coups de sifflet assez lamentables sur la fin. »

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