Arme de dissuasion massive

L’installation de trente-deux caméras en gare de Poitiers relance le débat sur la vidéosurveillance. Élus et forces de l’ordre étudient de nouvelles implantations dans certaines zones « sensibles ». Sans pour autant en faire une solution miracle à la délinquance.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Dans le cadre d’un plan national de sécurisation des gares, la SNCF déploie, depuis quelques mois, un système de vidéosurveillance dans son enceinte poitevine. Au total, trente-deux caméras ont été installées et devraient prendre leur service à compter de la fin du mois, une fois l’accord de la préfecture obtenu. « Quais, souterrain, parvis, passerelle et bâtiments voyageurs seront couverts, souligne la direction de la SNCF. Les images seront exploitées uniquement par les agents de la sûreté ferroviaire, qui pourront les mettre à la disposition des forces de l’ordre, sur réquisition judiciaire.»

En quadrillant ainsi ses installations, la SNCF espère limiter les actes de délinquance et suivre l’exemple des gares parisiennes, où les chiffres de la sécurité s’améliorent d’année en année. Ces chiffres (pour l’année 2014), justement, la préfecture de la Vienne les présente ce mardi. Et si les boîtiers attirent l’œil des voyageurs, ils ne font pas figure de nouveauté dans la ville aux cent clochers. Parkings, distributeurs de billets, déchetteries, patinoire, bibliothèques. Au total, on dénombre pas moins de 4 131 caméras intérieures et 867 extérieures à Poitiers. 

 
« Nous étudions des solutions alternatives »
 
Mais faut-il, pour autant, faire de la vidéosurveillance le fer de lance de la lutte contre la délinquance ? L’installation, coûteuse, de caméras (10 000€ pièce), peut-elle assurer, à elle seule, la sécurité des Poitevins ? Rien n’est moins sûr, si l’on en croit les propos du maire Alain Claeys, qui privilégie par ailleurs le terme de « vidéoprotection ». « Ma position est très claire, je ne discute pas l’installation de caméras lorsqu’elle est souhaitable. Mais elle ne remplacera jamais la police sur le terrain. Quand on utilise cet outil, il faut le faire dans le cadre strict de la loi, pour respecter toutes les libertés individuelles. » En 2012, à la suite d’agressions de plusieurs contrôleurs du réseau Vitalis, le député-maire avait décidé de placer tous les bus sous surveillance vidéo.
 
Aujourd’hui, l’élu et ses équipes étudient deux projets, l’un aux Trois-Cités, l’autre aux abords du centre commercial des Couronneries. « Nous sommes en discussion avec le syndic de copropriété de la place de Provence, précise Alexandra Abbassi, directrice du service prévention-tranquillité publique à la Mairie. L’installation de caméras représente un investissement conséquent pour les commerçants, même si le maire s’est engagé à les soutenir financièrement. Aussi, nous étudions des solutions alternatives pour sécuriser la zone. » Patrouille de vigiles en journée, modification de l’éclairage la nuit, fermeture de certains accès… Autant de propositions que les intéressés pourraient mettre en place, à moindre coût, et en toute légalité. En effet, si un projet de loi est à l’étude, le gouvernement n’autorise pas, pour l’instant, les commerçants à filmer les abords de leur boutique. 
 

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