Ils ont fait mieux que résister

Au courage, le PB86 a fait douter le grand Limoges CSP pendant trente minutes, avant d’exploser dans un quatrième quart à sens unique. Le rêve est passé, mais l’impression laissée augure de lendemains meilleurs. Bye bye la coupe de France, place au championnat.

Arnault Varanne

Le7.info

Je suis Charlie, Tu es Charlie, Nous sommes Charlie… Comme toute la France en ce dimanche, Saint-Eloi communie avec les victimes des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de la porte de Vincennes. Après une minute de silence poignante, la Marseille retentit spontanément et étreint la salle. A Poitiers, cet après-midi, il n’est pas seulement question d’exhaler un parfum d’antan. Un flacon duquel les effluves du derby entre le PB86 et le CSP enflamment encore les deux antres. Alors, chacun aborde ce 8e de finale de coupe de France avec ses atouts. Sans doute poussé par le désir de plomber l’ambiance d’entrée, Dupraz aligne Westermann, Moerman, Boungou-Colo, Curry et Zerbo, soit un cinq de très haut vol. 
 
Ses ouailles lui rendent grâce très vite, tandis que le PB86 démarre avec un zeste de fébrilité ce match symbole. Les premiers tirs touchent à peine le cercle, alors que Zerbo s’amuse à l’intérieur (3-12, 6e). Gare à la fessée d’entrée, d’autant que l’entrée en jeu de Gelabale, d’Amagou et la deuxième faute précoce de Kanté n’offrent rien de réjouissant. Heureusement, Thinon et Greer limitent la casse à la sortie d’un premier quart difficile (12-20). Changement de scénario dans le deuxième acte. Peut-être un peu trop sûrs de leur affaire, les champions de France en titre relâchent l’étreinte. Même si Gelabale fait parler son métier (18-26, 14e), on sent le CSP moins concentré. Fitzgerald s’engouffre dans la brèche, en déclenchant deux missiles à longue distance. (24-26, 16e). Le mano a mano grimpe d’un cran et l’intensité défensive du PB86 lui permet même de creuser un premier écart juste avant la pause (36-31, 20e). 
 
Et Limoges accéléra…
 
Saint-Eloi est aux anges, a fortiori après un nouveau triple de Guillard (9pts, 9rbds au final). A +7 au milieu du troisième quart, Poitiers maintient le suspense à son plus haut niveau. Las… Piqués dans leur orgueil, les Limougeauds s’en remettent à leur paire intérieure Zerbo-Camara, ainsi qu’au talent de Ramel Curry, pour revenir en un rien de temps et, dans la foulée, reprendre les commandes (45-48, 29e). Derrière, Westermann rentre un énorme tir à trois points sur la tête d’Harley et le CSP ne laisse pas Saint-Eloi s’enflammer. 
 
On ne le sait pas encore, mais le PB86 ne reverra presque plus cette équipe taillée façon Euroligue. Car le quatrième acte se résume à un festival d’adresse. Jusque-là passeur (10pds), Jamar Smith se rappelle au bon souvenir des siens (56-66, 36e). Les rotations limougeaudes et une adresse retrouvée –11/16 dont quatre paniers à trois points- fichent en l’air les derniers espoirs des Pictagoules. Le money-time prend même des allures de correction (58-77, 38e). Cruel, parce que le PB86 n’aura vraiment pas démérité. Malgré un Fitzgerald au rendez-vous, avec 21pts et 4rbds, il lui aura manqué des muscles dans la raquette (16pts contre 34), une profondeur de banc... Bref, beaucoup d’ingrédients ! A la veille de s’envoler vers Moscou, le CSP a fait le job. Quant au PB, il devra s’appuyer sur ses valeurs de combat dans l’optique de la double réception des 20 (Souffelweyersheim) et 24 janvier (Boulazac). Moins glamour, mais bigrement plus important que ce derby au parfum de nostalgie. 
 
La fiche
A Poitiers, salle Jean-Pierre Garnier, Limoges CSP (Pro A) bat Poitiers Basket 86 (Pro B) 80-66. Mi-temps : 33-36. Evolution du score : 20-12,  33-36, 53-50, 80-66. Arbitrage de MM. Bissang et Deman. 
 
Poitiers. Thinon (6), Ogide (5), Fitzgerald (21), Joseph (2), Guillard (9), Ona Embo (5), Greer (13), Kanté (5). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 
 
Limoges. Smith (10), Westermann (3), Camara (12), Batista (4), Zerbo (12), Gelabale (12),  Boungou-Colo (7), Amagou (3), Moerman (7), Curry (10).  Entraîneur : Jean-Marc Dupraz. 
 
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « La qualité des joueurs en face, leur impact physique et les rotations ont fait la différence. Ils ont trouvé de l’adresse dans le quatrième quart. L’un des tournants, ce sont ces deux shoots à trois points lorsqu’on est devant. On a fait un bon match dans l’ensemble, j’aimerais qu’on s’en serve pour reproduire cela à la maison, en termes d’intensité et de mouvement du ballon. On aurait aimé les faire douter encore plus, mais il y a vraiment du talent et une équipe qui est bien coachée. »
 
Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Je suis un peu surpris qu’on explose, alors qu’on était physiquement un peu mieux qu’eux. Les cadres du CSP ont pu se reposer à un moment et ils ont su où mettre le ballon. Après, on a eu du mal à mettre des stops et les paniers qu’l fallait. Limoges a fait le match qu’il avait prévu, mais je pense qu’on aurait pu être encore plus agressifs. Il n’y a pas à rougir. »
 
Lamine Kanté (ailier du PB86) : « On n’a pas été ridicules, même si on a lâché à la fin. C’est dommage car on a vraiment senti, à un moment donné, qu’on pouvait faire queques chose. Mais individuellement, le CSP a toujours trouvé les solutions. Il faut en tirer les leçons… »
 
Jean-Marc Dupraz (entraîneur du CSP) : « Poitiers nous a forcés à jouer. Cette équipe a mis de l’intensité, ce qui était normal puisqu’elle était chez elle. On s’y attendait. Le deuxième quart ? Je l’explique par le fait qu’on a joué hier soir face à Cholet, une équipe pas facile à manœuvrer. Beaucoup auraient lâché le morceau dans le troisième quart-temps, mais malgré le passage à vide tout le monde est resté mobilisé. »
 
Mickaël Gelabale (ailier du CSP) : « On sait que ce n’est pas facile de venir jouer à Poitiers. Ruddy Nelhomme fait jouer ses joueurs tout le temps sur tout-terrain. A un moment donné, je lui ai demandé ce qu’il leur donnait à manger! C’était incroyable… L’enchaînement des matchs ? C’était un peu difficile, mais, en face, ils ne nous ont pas laissé le choix. »

Photo Seb Jawo

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