Au contact deux sets durant, le Stade poitevin a finalement capitulé devant la plus grande puissance parisienne. Les hommes de Brice Donat quittent la coupe de France la tête haute.
Des « Poitiers, Poitiers », descendant bruyamment de tribunes en transe. Que de souvenirs ravivés. Que de bonheurs exhumés. A la table des plaisirs, un Poitiers-Paris à se goinfrer. Comme hier. Peut-être comme demain, si le Stade poitevin brûle du même feu au printemps qu’en hiver.
Aujourd’hui est toutefois un autre jour. Aujourd’hui, les deux anciennes figures de proue du volley hexagonal ne jouent plus dans la même cour. Aujourd’hui, le Stade poitevin est le petit qui veut manger le gros. Un petit qui vient d’aligner neuf victoires en championnat et ne se fait pas prier pour bousculer d’entrée son prestigieux adversaire. 4-1, puis 10-7 sur un ace d’Halilovic. Le public est déjà aux anges. Sans s’affoler, Duhagon et les siens maintiennent le cap en réception, tandis que Krolis soutient aisément la comparaison en attaque, avec un Gjorgiev un tantinet nerveux.
Au deuxième temps mort technique, c’est pourtant l’hôte du soir qui vire en tête, sous l’impulsion d’un Fernandez percutant au service (15-16).
On ne le sait pas encore, mais jamais plus le SPVB ne pourra repasser l’encolure. A 20-21, une erreur de Krolis offre le… premier écart aux Parisiens. Qu’une nouvelle faute filet de Brizola, au terme d’un premier set dantesque, transforme en gouffre insondable. Dommage (22-25).
Si près, si loin
Aujourd’hui est un autre jour, car Poitiers veut montrer à la face du monde de quels talents il dispose. Et au Paris du virevoltant Hernan sa capacité à ne rien lâcher. Bahov et Bajic ont beau frapper comme des mules en pipe, Fernandez monter plus haut que tout monde au centre, le block en général se montrer plus consistant, le deuxième de Ligue B ne s’en laisse pas conter. S’accrochant comme une sangsue sur une plaie purulente, jusqu’à bouffer la peau de l’assaillant, sur une attaque out d’Hernan (18-17). Las, un nouveau chant du cygne. Car illico, Gjorgiev resserre les boulons, pendant que Krolis perd pied au filet. La rentrée de Ngapeth sur Duhagon ne change rien. Sans jamais avoir démérité, mais en manque évident de puissance, le Stade s’étiole. 22-25. Même vérité, mêmes regrets.
Aujourd’hui est un autre jour. Mais face à lui, Poitiers n’a pas son pain hebdomadaire. Cet adversaire d’un autre calibre a la courtoisie de le respecter et de lui offrir désormais une réplique digne de son niveau continental. Le Macédonien Gjorgiev a trouvé la mire. Kreek est immense au block. Paris est hors de portée. Trop haut. Tout simplement trop fort. Demirovic s’époumone (8-13), Duhagon s’empale (10-16), Ngapeth résiste mais Poitiers capitule, devant un public debout. Adieu la coupe. Adieu Paris. A bientôt peut-être…
Photo Seb Jawo
POITIERS-PARIS : 0-3
Poitiers. Salle Lawson-Body. 1800 spectateurs. Arbitrage de MM. Deregnaucourt et Bruxelles. Poitiers-Paris : 0-3 (22-25 en 26’, 22-25 en 25’, 21-25 en 22’)
POITIERS : Halilovic, Lemaire, Brizola, Duhagon (cap.), puis Ngapeth, Demirovic, Krolis. Libero : Hébert puis Korovianskyi.
PARIS : Hernan, puis Brizard, Kreek, Fernandez, Bojic, Bahov, Gjorgiev. Libero : Steuerwald.
Ils ont dit
Brice Donat, entraineur du Stade Poitevin : « Le seul regret à nourrir ce soir tient au fait que l’arbitrage ne nous pas avantagés, en commettant une grosse faute à 20-20 dans le premier set. Si on l’avait remporté, qui sait ce qui aurait pu arriver ? Au-delà, on a respecté le plan de marche, en remontant des ballons improbables. Paris a l’habitude des matches au couteau et a imposé sa supériorité dans le money-time. C’est cette expérience, la puissance en attaque et la diversité de jeu de son passeur qui ont fait la différence. Mais on peut être fiers de nous. »
Dorian Rougeyron, entraîneur du Paris Volley : « Poitiers a une équipe bâtie pour la Ligue A. On savait donc à quoi s‘attendre. Et quel plaisir de revenir à Lawson-Body, le temple du volley national. Je ne sais pas si on retrouvera ce club en Ligue A l’an prochain, mais ce que je peux dire, c’est qu’il manque dans le décor. Le match ? On a fait ce qu’il fallait au moment où il le fallait. L’expérience de la Ligue A et de la Champions League nous a servi dans les moments chauds. »
Vincent Duhagon, capitaine du Stade poitevin : « Des regrets ? Non. Paris ne nous a pas pris de haut et c’est tout à son honneur. Je trouve qu’on a un peu surjoué , au service notamment. Eux-mêmes ont fait beaucoup de fautes. Après, leur puissance et leur maîtrise dans les moments chauds sont des atouts que nous avons, nous, mais pour des joutes de Ligue B. Maintenant, il faut se concentrer sur le déplacement à Cambrai, qui est une équipe très difficile à manoeuvrer sur son parquet. »