À l’aube des fêtes de fin d’année, les bénévoles des Restos du Cœur de la Vienne travaillent d’arrache-pied pour fournir aux plus démunis des repas complets. Comme chaque mois, ils les accueillent à l’occasion d’une grande distribution.
8h30. Rue de la Demi-Lune, à Poitiers. Dans une impasse isolée, les locaux des Restos du Cœur ne paient pas de mine. Ici, rien n’attire l’œil. Pas de grande affiche, ni de parking bondé, pas même d’enseigne. Seul un écriteau « Accueil » indique l’entrée du bâtiment. Les bénéficiaires ne sont pas encore là. Mais, déjà, la cinquantaine de bénévoles fourmille à l’intérieur de la bâtisse. Tout doit être prêt pour la grande distribution de Noël.
8h45. Ouverture des portes. Tout est paré. Ils s’appellent Marc, Renée, Christiane, Gérard, Patrick… Jeunes et moins jeunes, les bénévoles sont à leur poste. Certains s’occupent de l’accueil des bénéficiaires, d’autres de l’approvisionnement ou encore de l’administratif. Chacun a une fonction bien définie. « Ce n’est pas parce qu’on est bénévole que l’on ne doit pas être organisé », souligne Jacques, l’un des responsables du centre de la Demi-Lune.
8h50. M. est un habitué de la distribution. S’il préfère garder l’anonymat, il n’hésite pour autant pas à raconter son histoire. Père d’une famille de trois enfants, il peine à boucler ses fins de mois. « Au quotidien, c’est très difficile. Avec mes maigres revenus, je ne peux plus subvenir aux besoins de ma famille. J’ai un peu honte de venir ici, alors que certains sont à la rue et n’y viennent pas forcément. Mais cette aide est tellement précieuse que je ne peux pas m’en passer. »
8h51. Après un passage éclair à l’accueil pour valider sa demande, M. est épaulé par un bénévole et déambule dans les rayons de la « supérette » des Restos pour récupérer quelques produits. Conserves, surgelés, fruits et légumes, œufs, tout y est. « Chaque année, les Restos du Cœur de la Vienne récupèrent et redistribuent plus de 1 500 tonnes de denrées », reprend Jacques.
9h05. Dans la réserve, on s’active. On se croirait presque dans les entrepôts d’une grande surface, tant l’ordre règne dans les rayons. Au fur et à mesure que les bénéficiaires défilent, les bénévoles réapprovisionnent la « supérette ». Le ballet des chariots élévateurs commence. Il faut, simultanément, décharger les camions de denrées qui arrivent. Pas le temps de souffler.
9h20. Jacques fait le tour des installations pour vérifier que tout se passe bien. La « supérette » n’est que la partie immergée de l’iceberg. En tout, ils sont une cinquantaine à se démener pour faire « tourner la boutique ». Dans la cafétéria, par exemple, cinq d’entre eux préparent le repas chaud du midi. « Chaque jour, nous accueillons cinquante personnes pour le déjeuner. Tout doit être prêt à l’heure H. » Car même s’il ne débourse rien, le client doit rester roi et « surtout se sentir bien, au moins l’espace d’un instant ».