Aujourd’hui aide-soignante à Angers, Charlotte Marolleau a entamé des recherches, notamment sur les réseaux sociaux, pour retrouver sa mère biologique. Née sous X le 4 août 1993, au CHU de Poitiers, elle veut comprendre les raisons de cet abandon.
Son profil Facebook ne laisse aucun doute sur l’objet de sa présence sur les réseaux sociaux. Depuis son « coming-out » viral, début décembre, Charlotte Marolleau est assaillie de messages de soutien et d’encouragement. À 21 ans, la jeune Poitevine ne traverse aucune crise identitaire, elle veut juste « savoir qui l’a portée pendant neuf mois et mise au monde », ce fameux 4 août 1993, au CHU de Poitiers.
Ses recherches ont démarré en avril dernier. Avant cette date, elle ne « se sentait pas prête » à connaître la vérité. « Je me suis d’abord tournée vers l’Aide sociale à l’enfance (service du Conseil général, ndlr), pensant que ma mère m’avait peut-être laissé une lettre. Mais ce n’était pas le cas… »
La jeune aide-soignante, partie en juillet dernier à Angers, a alors adressé une demande officielle au Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (Cnaop). Elle nourrit le secret espoir que sa requête, auprès du seul organisme habilité à lui répondre, sera couronnée de succès. En attendant, Charlotte mise sur la viralité de Facebook pour retrouver trace de « Marguerite ». « Même ce prénom, que je pensais réel, n’est en fait pas le bon… », se désole la jeune femme. Malgré un millier de partages sur son mur Facebook, le mystère de sa naissance dans l’anonymat de l’hôpital public poitevin reste entier.
Dans le berceau d’à-côté
Charlotte aimerait tant que le législateur change la loi. Que le secret éternel autour de milliers de vies soit enfin levé. « Je ne sais pas si ma maman est vivante. C’est dur à supporter ! Je ne demande pas forcément à la rencontrer, mais à comprendre… » Elle qui a grandi auprès de parents aimants a cependant toujours senti cette quête d’identité. « Et en même temps, je ne sais pas comment j’appréhenderais une éventuelle rencontre. Tout cela est paradoxal. Maintenant, je pense que les naissances sous X font deux malheureux, la maman et l’enfant. Les choses doivent changer. »
Dans l’histoire, Charlotte a simplement peur de la réaction de ses deux petits frères, eux aussi adoptés, mais à Madagascar.
Les hasards de la vie ont voulu que Charlotte rencontre, un jour, un garçon de son âge… adopté dans des circonstances identiques. « Il était dans la même pouponnière que moi. C’est une histoire un peu folle. » Une histoire dont l’épilogue pourrait prendre fin dans quelques mois ou jamais. C’est un risque. « Dans ce cas-là, je continuerai ma vie et ce sera peut-être aussi bien ainsi… »
Née sous X le 4 août 93. Drôle de matricule virtuel pour un parcours non moins extraordinaire.
Des cas très rares
En France, le nombre de naissances sous le secret s’élève, en moyenne, à six cents par an. Dans la Vienne, sept femmes s’y sont résolues l’année dernière, aucune cette année. Après la naissance, elles ont deux mois pour se rétracter. L’enfant est ensuite confié aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), en vue d’une adoption. Les « né(e)s » sous X peuvent, en revanche, venir consulter leur dossier au Département. « Certaines femmes choisissent de laisser des éléments dans un pli cacheté, d’autres non », indique l’ASE. Elles ont aussi le droit de demander une « levée du secret à tout moment » et ainsi compléter ledit dossier. Entre quinze et vingt demandes annuelles de renseignements sont formulées par de jeunes majeurs. En cas d’insuccès, les « né(e)s » sous X ont une dernière possibilité de recours auprès du Conseil national d’accès aux origines personnelles, qui entame des démarches auprès de la mère biologique. C’est la situation dans laquelle se trouve Charlotte…