À partir de novembre 2015, l’Etat ne financera plus la ligne Poitiers- Lyon, comme son Obligation de service public l’y contraint aujourd’hui. Le manque à gagner s’élève à 1,7M€, alors que Vinci Airports achève sa deuxième année d’exploitation sur un bilan plus que mitigé.
Ce n’est un secret pour personne, l’Etat cherche à se désendetter par tous les moyens. En ce sens, la cession de l’aéroport de Blagnac-Toulouse à un consortium sino-canadien fera sans doute davantage de bruit que son désengagement sur la ligne aérienne Poitiers- Lyon. N’empêche, le coup passe mal dans la Vienne, sachant qu’en novembre 2015, il manquera 1,7M€ pour pérenniser « la colonne vertébrale de Poitiers-Biard », dixit certains observateurs. « C’est juste une catastrophe et un mauvais coup porté à l’infrastructure », peste André Sénécheau, président du Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard. Il y a peu de chances qu’Hop s’assoie sur la manne publique apportée par l’Etat. Au-delà du nombre de passagers vers le Rhône (plus de 35 000 par an avec La Rochelle, ndlr), c’est le service rendu aux chefs d’entreprise du territoire qui est essentiel. Lyon permet d’accéder à la Suisse, l’Italie, l’Allemagne.
Autrement dit, les collectivités locales vont devoir remettre au pot si elles veulent conserver cet « atout essentiel pour les décideurs économiques ». Selon El Mustapha Belgsir, Grand Poitiers est prête à consentir un effort. « On parle de 200 000€ par partenaire et par an, sur quatre ans », rappelle Yves Louzé, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne (CCIV). Quant on connaît la situation financière des chambres consulaires, difficile de croire que la CCIV dispose de telles marges de manoeuvre. Mais le temps est compté, car le couperet tombera dans moins d’un an. La Région aurait déjà été approchée pour apporter son obole. Le pourra-t-elle et le voudra-t-elle, dans le contexte de fusion avec l’Aquitaine et le Limousin ? Et comment justifierait- elle cette aide, auprès de La Rochelle ou Angoulême ?…
Vinci silencieux
Ces interrogations tombent dans un contexte plutôt morose. Selon plusieurs sources, Poitiers- Biard enregistrera, cette année, le même nombre de passagers qu’en 2013, soit à peine 108 000. En baisse de 8,8% par rapport à 2012. Sollicitée sur son bilan après deux ans d’exploitation, Vinci Airports a choisi de se murer dans un silence assourdissant. « Un communiqué de presse vous parviendra courant janvier », nous fait savoir le concessionnaire, dont le contrat court jusqu’en 2019. Exceptée l’ouverture de la ligne vers Shannon (Irlande), qui a compensé la perte de Barcelone, l’infrastructure poitevine ne dessert aucune autre destination que Londres ou Edimbourg. A quand des vols vers le Sud, autres que les charters ? Sous couvert d’anonymat, certains partenaires affichent une déception grandissante. « Vinci ne nous a rien apporté ! », lâche carrément Yves Louzé. Longtemps fantasmé, le risque de voir l’aéroport de Poitiers- Biard disparaître de la carte prend chaque jour un peu plus de corps. Surtout si Ryanair, en conflit ouvert avec la France, décide de revoir sa stratégie dans l‘Hexagone, au détriment des petites plateformes. En attendant de prochains développements, Tours et La Rochelle ont augmenté leur trafic de 13 et 6% ces cinq dernières années. A Poitiers, les élus évoquaient ouvertement le chiffre de 125 000 passagers dès cette année. Un doux rêve.