Hier
Le conseil municipal de Poitiers a été marqué par d'intenses débats. Sexisme et cumul des mandats ont été au cœur des débats...
A l’occasion du vote d'une subvention à l’espace Mendès-France, Manon Labaye, élue du groupe « Osons Poitiers », a tenu à faire part d’une expérience pour le moins désagréable : « Lorsque je suis rentrée dans la salle pour le dernier conseil d’administration de l'EMF, un homme m'a dit : « Mademoiselle, sortez s'il vous plaît, vous n'avez rien à faire ici ». J'ai donc répondu que je venais pour participer à la réunion. Cet homme a insisté en disant « non, ici c'est sérieux, c'est un conseil d'administration ». J'ai insisté, moi aussi, lui disant que je venais pour ça, que j'étais conseillère municipale. J'ai même sorti l'invitation pour la réunion. Il m'a regardée de la tête aux pieds en s'étonnant : « Vous, vous êtes conseillère municipale ?! » »
L'adjoint à la Culture Michel Berthier a abondé dans son sens : « Oui, j’étais là, c’était juste avant le début du conseil ». « D’ailleurs, vous m’avez soutenu et avez confirmé que j’étais bien une élue de Poitiers. Il est très pénible d'avoir à se justifier à chaque fois que je participe à une réunion, et pas seulement à Mendès-France, a poursuivi Manon Labaye. Je tiens donc à rappeler que l'on peut être une femme, être jeune, ne pas porter de tailleur et faire de la politique. Dans ce conseil municipal, par exemple, combien y a-t-il de jeunes, de chômeurs, ou encore d'ouvriers ? On voit beaucoup plus de « costumes-cravates ». »
La phrase de trop pour le maire qui, d’un coup, a haussé le ton. « Je vous arrête, je ne vous laisserai pas dénigrer les élus de cette assemblée. Être en costume-cravate ne peut pas être déprécié ! » C’est alors que Manon Labaye a lâché : « Vous n’y comprenez rien », puis renchérit « Vous vous entendez parler ? » Le conseil a alors oscillé entre rires et stupeur.
Jacqueline Daigre a tenté d’apaiser le débat : « Manon, quel joli prénom… Immédiatement, on pense à Manon des Sources. C’est vrai, vous êtes mignonne et, évidemment, il est difficile d’être jeune et vous avez le droit de porter des jeans, mais il ne faut pas dénigrer ceux qui sont en « costume-cravate ». »
De son côté, Manon Labaye a semblé perplexe... et tenté une dernière réplique : « J'en profite pour rappeler que nous ne sommes pas d'accord avec la professionnalisation de la politique. C'est pour cela que nous défendons la parité dans tous types de conseils et le non-cumul des mandats. » Quelques minutes plus tard, Alain Claeys a quitté son siège. « Il doit être présent très tôt à Paris, demain, pour présenter son projet de loi sur la fin de vie », s'est jusitifiée Laurence Vallois-Rouet, Première adjointe. Une occasion inespérée, pour l’opposition, d’engager un vif débat sur le non-cumul des mandats…
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