Louise Giraudet. 40 ans. Fondatrice des Ateliers d'Alice, à Poitiers. Anglaise exilée à Poitiers par amour. Devenue mère, femme et chef d'entreprise. Sa bonne humeur permanente et contagieuse trahit une belle sincérité.
Son sourire enfantin et ses yeux bleu azur irradient son visage. Avec sa bouille d'ange, on lui donnerait presque le bon dieu sans confession ! Pas sûr que l'expression typiquement française la satisfasse, elle qui reconnaît avoir « des lacunes dans le vocabulaire ». En réalité, Louise Woods Giraudet -de son nom d’épouse- s'exprime dans un français quasi parfait, même si ses racines anglaises l'inclinent à réfléchir dans la langue de Shakespeare. « Je suis quelqu’un de très simple, qui parle avec le cœur. Parfois, j’ai du mal à traduire le fond de ma pensée ! » Qu’à cela ne tienne, son langage corporel suffit à convaincre que la maman de Joseph (10 ans) et Henry (7 ans) « passe bien ».
Aux Ateliers d’Alice, rue du Petit Bonneveau, les mômes l’adorent. Peut-être parce que les conversations en anglais servent de cadre très souple à des activités ludiques et débridées. On y fait des gâteaux, on y joue, on y réalise des décos… Bref, c’est l’éclate ! Sans doute aussi parce que Louise adore les tout petits, elle qui a grandi au milieu de quatre frères et deux sœurs, dans la grande banlieue londonienne. Aujourd’hui, sa petite entreprise attire une centaine de fidèles, enfants et adultes. Entre tea et kids club, teen tallk et lunch time, les distractions ludo-pédagogiques ne manquent jamais. La patronne y veille. Ça a même valu récemment à Madame Giraudet un double prix, reçu des mains de l’association Génération Femmes d’Entreprises. Le premier pour « l’entrepreneuriat au féminin dans la Vienne », le second en forme de coup de cœur.
« Du mal à dire non »
On y revient. En fait, Louise passe son temps à transmettre chaleur humaine et bienveillance « confondante ». Elle a bien « du mal à dire non », mais ce petit péché mignon ne lui a jamais porté préjudice outre mesure. Que voulez-vous, l’ex-responsable d’agence publicitaire, habitante « privilégiée » du célèbre quartier de Notting Hill, s’accomplit dans sa vie personnelle, comme dans sa carrière professionnelle. Son coup de foudre à elle ne s’est pas porté sur Hugh Grant, mais sur un Frenchy, prof d’histoire-géo au Bois-d’Amour. C’est pour lui qu’elle a tout quitté à 29 ans, direction Poitiers et une vie faite d’inconnues. « J’avais une très bonne situation, un excellent salaire et juste à penser à moi et mes copines ! » Inutile de dire que l’atterrissage à Biard, où elle réside encore aujourd’hui, fut brutal. « Aller chercher du pain à la boulangerie, c’était déjà un grand pas… » L’ancienne pensionnaire de l’école de… nourrices d’Eastbourne a mis plusieurs mois avant de créer des liens avec la « poitevine connection ».
Les quelques cours à l’école Saint-Hilaire, comme intervenante… en anglais, l’ont un peu désarçonnée. Ne serait-ce que parce qu’elle s’exprimait de manière trop soutenue aux élèves. Des doutes que Louise a rapidement dissipés, avec sa première grossesse. L’occasion de vérifier l’excellence du système de santé hexagonal. « En théorie, je ne pouvais pas tomber enceinte, à cause d’un problème de thyroïde. Les spécialistes ont trouvé ce que j’avais. En Angleterre, j’aurais attendu des années. Merci la France ! » Elle a couvé « son » Joseph d’un amour fusionnel, a fortiori dans sa situation d’expatriée. Mais il a bien fallu reprendre le chemin de l’emploi. Et c’est encore à… Poitiers-Biard que Louise a trouvé son bonheur. D’abord dans l’enregistrement des bagages, puis dans le « costume » de « traffic manager ». «Encore une grande étape, notamment la formation à Nantes…» Et puis, il y eut la naissance d’Henry, en 2007. Et ces fameux Ateliers d’Alice, plus tard, dont le succès ne se dément pas. « Un vrai challenge » comme elle aime les relever.
Aujourd’hui, la « working girl » et grande admiratrice d’Audrey Hepburn passe le plus clair de son temps au cœur des Ateliers d’Alice. On aimerait être petite souris -c’est l’emblème de son entreprise- pour découvrir la bouille des dizaines de loupiots en pleine discussion avec Louise. Louise, Alicia ou Laura, d’ailleurs (*). Car la petite structure familiale s’est agrandie. Paradoxalement, ça lui fait un peu peur. Il y a des nuits où elle ne dort que d’un œil. Mère de famille, épouse et chef d’entreprise. Trois casquettes qu’elle veut « assumer de front ». « J’ai toujours plein d’idées dans ma tête et je fais vraiment de mon mieux. Maintenant, j’ai conscience que je dirige une entreprise ! » De retour à Londres, il n’en est évidemment plus question, même si sa famille lui manque. Pour ses deux grands, la maman poule ne rêve que d’une chose : qu’ils partent à l’aventure à travers le monde. Cela suffira à son bonheur. «Du moment qu’ils soient heureux…»
(*) Jenny anime, toutes les semaines, les ateliers lunch time, réservés aux adultes.