La révolte des bébés

Dans le cadre de sa politique familiale, le gouvernement prévoit de réformer le congé parental. Face à certaines mesures annoncées, la colère monte du côté des collectifs de parents.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

 D’ici à 2015, le congé parental devrait se refaire une beauté. Fin septembre, Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, a en effet annoncé qu’elle planchait sur une réduction dudit congé. Une initiative qui se veut égalitaire, puisqu’elle imposerait une répartition du temps entre les deux parents.

Rappel de la situation. Actuellement, le congé parental dure six mois pour un premier enfant, trente-six pour le second. Dans les deux cas, chaque famille peut décider du parent qui en bénéficiera. C’est ce point précis que l’Etat compte réformer, en imposant aux parents de prendre leur congé de manière consécutive.
« Cette réforme est très paternaliste, s’offusque Audrey Thévenet, membre du collectif BBRévoltés de la Vienne. L’Etat veut réduire la durée du congé parental des mères. Mais, bien souvent, c’est pour des raisons financières que les femmes le prennent. Cela n’arrangera en rien la situation des familles. » Aujourd’hui encore, c’est généralement le père qui touche le plus gros salaire du foyer. Et s’en priver risquerait de mettre en péril le budget du ménage. « L’indemnité mensuelle est de 390€. Le manque à gagner est trop important. »

Un frein à l’emploi des femmes Outre l’impact financier, les BBRévoltés dénoncent un nombre trop faible de places en crèches. « Si nous ne prenons que deux ans de congé, il faudra bien trouver une structure pour accueillir notre enfant par la suite, explique Audrey Thévenet. Les listes d’attente en crèches sont interminables, et de moins en moins d’écoles maternelles accueillent les nourrissons. » Un point que la députée socialiste Catherine Coutelle entend bien corriger : « Nous avons proposé l’ouverture de 275 000 places d’accueil supplémentaires d’ici à 2017 pour ces enfants, annonce la présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances hommes-femmes. Des classes passerelles seront également créées pour assurer la transition entre la maison et l’école maternelle. »

L’élue poitevine a reçu, il y a quelque temps, les BBRévoltés. Au cours de leur entretien, elle a exposé sa vision du congé parental, en dénonçant notamment « un frein très fort à l’emploi des femmes ». Car si les mères de famille détentrices d’un CDI sont assurées de le retrouver à l’issue de leur congé parental, les autres, en revanche, peineront à se réinsérer dans le monde du travail.

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