Début novembre, le gouvernement a annoncé la mise en place de nouvelles mesures anti-tabac. Le combat opposant buralistes et élus se poursuit, mais la résignation commence à poindre dans les bureaux de tabac poitevins.
Les mesures récemment annoncées par le gouvernement, en matière de politique de santé, n’en finissent plus de provoquer la colère des buralistes. Après le paquet générique, la hausse du prix des cigarettes, c’est, cette fois-ci, une augmentation de 250% du tarif des cigares et cigarillos qui vient d’être votée à l’Assemblée nationale.
Autrement dit, un paquet valant jusqu’alors 7€ vaudra bientôt plus de 17€. « La goutte d’eau qui fait déborder le vase », selon Jean Durand, président de la Chambre syndicale des buralistes de la Vienne. Lui-même et ses confrères craignent de nouvelles fermetures de commerces. En France, sur les neuf premiers mois de l’année, 837 ont mis la clé sous la porte. Un triste record. Le cap des mille fermetures devrait être dépassé d’ici à la fin de l’année.
25% de contrebande
« La politique de santé est à côté de la plaque, juge Jean Durand. En imposant de telles mesures, le gouvernement va provoquer la mort de nombreuses civettes, pour qui la concurrence des ventes sur Internet sera fatale. » À la Civette de Poitiers, justement, l’incompréhension est totale. « On a l’impression que l’Etat veut tuer le marché du tabac, et maintenant celui du cigare. Le gouvernement prétend lutter contre le chômage. Maintenant, à cause de ces réformes, beaucoup de personnes risquent de se retrouver sans emploi. » Si le marché du cigare est aujourd’hui en péril, celui de la cigarette l’est depuis bien longtemps. Montée en puissance des cigarettes électroniques, hausses successives du prix du tabac, développement d’un marché parallèle… Autant de facteurs qui, combinés, expliquent la baisse des ventes de cigarettes. Sur l’année 2013, elles ont chuté de 7,6 % en volume.
Le buraliste vend moins, mais cela ne veut pas dire pour autant que les Français fument moins. « L’Etat veut nous faire croire que toutes ces réformes sont destinées à diminuer le nombre de fumeurs, mais les chiffres ne confirment pas cette volonté, s’offusque Jean Durand. Ces mesures servent simplement à augmenter la contrebande. » En dix ans, la part de marché des cigarettes en provenance de l’étranger est passée de 3 à 25 %. « Rendez-vous compte ! Aujourd’hui, une cigarette sur quatre n’est pas achetée dans un bureau de tabac. »
Alors, pour attirer de nouveaux clients et maintenir un chiffre d’affaires viable, les buralistes sont aujourd’hui contraints de diversifier leurs activités. En proposant, par exemple, de nouveaux produits, comme le compte Nickel (voir notre encadré). Sur ce point, l’Etat s’est engagé à soutenir la profession, en signant un contrat d’avenir pour la période 2012-2016. « Le gouvernement ne fait pas tout mal, nuance Jean Durand. S’il n’envisage pas une politique de santé plus cohérente, qui miserait notamment sur la prévention auprès des jeunes, alors de nombreuses enseignes vont baisser rideau. » Les zones rurales seraient alors les premières touchées.
Un succès Nickel
Huit mois après son lancement, le compte Nickel vient de franchir la barre des 50 000 clients en France. Disponible uniquement chez les buralistes, il séduit par son fonctionnement : pas de frais de rejets, d’incidents de paiements, de découvert et, surtout, des coûts d’utilisation réduits, comparés à ceux pratiqués par les établissements bancaires. Chaque mois, le produit s’installe dans cent nouveaux bureaux de tabac. D’ici février 2015, les créateurs du compte Nickel espèrent atteindre l’objectif des 110 000 clients.
Plus d’informations en page 3 du n°189.