Après le Cned en 2013, un deuxième établissement public de la Technopole du Futuroscope est montré du doigt. La Cour des comptes estime « obsolète » le modèle du Centre national de documentation pédagogique (CNDP) et appelle à « une réforme indispensable ».
« La Canopé désigne l’étage le plus élevé des forêts tropicales, un éco-système riche, basé sur la diversité et l’adaptabilité. C’est un lieu foisonnant et stimulant d’expérimentation et d’échanges. » Voilà comment l’équipe du Scéren-CPND a justifié son changement de nom, la semaine passée, en présence du ministre de l’Education nationale. A huit jours près, force est de constater que Jean-Marc Merriaux et ses collaborateurs ont dû redescendre sur terre. Le rapport annuel de la Cour des comptes est tombé hier et avec lui un cortège de remarques très acerbes pour le Centre national de documentation pédagogique, dont le modèle serait « obsolète ».
De sa délocalisation sur la Technopole en 2003, « sans examen préalable des missions et activités », à son offre de services sur le territoire, en passant par sa « production éditoriale dépassée », le réseau est épinglé à beaucoup d’égards. La Cour des comptes ne comprend notamment pas pourquoi le passage au numérique se fait si lentement. «Fin 2012, seulement 6% des productions du réseau de nature numérique, représentant cependant 36% des ventes», indique la haute autorité. Même reproche au sujet de la présence physique du CNDP sur le territoire national. Le réseau compte 122 points de commercialisation (14% des effectifs), alors que ceux-ci ne pèsent que pour 25% du chiffre d’affaires global. « Au regard de cette répartition, la fonction de commercialisation paraît surdimensionnée… », écrit encore la Cour des comptes.
« Rénover le réseau en profondeur »
Mais ses reproches ne s’arrêtent pas là. La Cour évoque aussi « une complexité institutionnelle inutile et onéreuse », avec une structure nationale, 31 CRDP, 85 CDDP et 70 centres locaux de documentation pédagogique. « Il s’y ajoute un certain nombre indéterminé d’antennes (…), qui ne s’inscrivent dans aucun schéma national d’offre de services ». Même reproche sur le financement du CNDP. Son budget de fonctionnement s’élève à 135,7M€ (1886 emplois), dont 92M€ de subventions pour charge publique. « Le chiffre d’affaires du réseau dépend étroitement des crédits budgétaires du ministère de l’Education nationale destinés à la documentation pédagogique. » Lequel ministère n’aurait « pas de vision stratégique ».
En conclusion de ses nombreuses observations, la Cour préconise au CNDP de profiter de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République pour « rénover profondément le réseau ». Un audit de mars 2007 sur le même sujet était resté lettre morte. Du CNDP à Canopé, Jean-Marc Merriaux et ses équipes ont du pain sur la planche.
Jean-Marc Merriaux : « Nous avons pris la mesure des enjeux »
Le directeur général du CNDP a répondu point par point au rapport sévère de la Cour de comptes sur le fonctionnement et la gestion de l’établissement public. Il indique qu’une «procédure de réorganisation administrative du réseau a été engagée dès le mois de janvier 2014 afin d’aider à l’amélioration du service pour la collectivité nationale». S’agissant de la politique éditoriale et des processus de conception et de fabrication des produits, le directeur général confirme qu’une refonte est en cours.