Il a retrouvé son identité

Mi-janvier, le Tribunal de Grande Instance de Strasbourg a condamné Claude Comes à un an de prison ferme pour usurpation d’identité. Depuis une décennie, il se faisait passer pour Alain Grégoire, un habitant de Jaunay-Clan. La fin d’un « vrai cauchemar » pour le septuagénaire.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans quelques mois tout au plus, Alain Grégoire, le vrai, aura un nouveau permis de conduire, une carte bleue digne de ce nom et disparaîtra des fichiers de la Banque de France. Autant de droits normaux pour quiconque s’est toujours rangé derrière le paravent de la légalité. Las… Pendant de longues années, le septuagénaire, qui partage sa vie entre Jaunay-Clan et le Sénégal, a payé les fautes de son « double », en l’occurrence un Strasbourgeois peu scrupuleux. En janvier 2013, le « 7 » (n°153) vous avait conté cette incroyable histoire d’usurpation d’identité, née d’une « perte » de permis de conduire dans un taxi à Dakar.

Cette longue parenthèse s’est refermée le 14 janvier dernier, avec la condamnation, par le Tribunal de Grande Instance de Strasbourg, d’un certain Claude Comes, à un an d’emprisonnement ferme et 13 000€ de dommages et intérêts pour usurpation d’identité. « Il a fallu du temps, mais cette décision est un vrai soulagement », confie Sandrine, la fille d’Alain Grégoire. La quadra s’est battue bec et ongles pour mettre au jour cette affaire. Et force est de constater que, jusqu’en mai dernier, ses efforts étaient restés vains. C’est finalement le papier paru dans nos colonnes qui a déclenché la procédure. « L’un des officiers l’avait sur son bureau et a transmis la plainte de mon père à Strasbourg… »

Prescription


Dans cette affaire de vol d’identité, Sébastien Burrmann a joué un rôle clé. L’officier de police judiciaire de Strasbourg Neuhof s’est démené pour interpeller l’indélicat faussaire. « Il se trouve que la brigade financière avait déjà ouvert une enquête pour une fraude à 70 000€. Alain Grégoire, plutôt Claude Comes, avait ouvert dix crédits sans en rembourser un seul. D’où le fichage à la Banque de France… », explique Sandrine Grégoire.

L’individu a finalement été interpellé mi-novembre, au grand soulagement de la famille Grégoire. Seulement voilà, dans les cas d’usurpation d’identité, la prescription ne dépasse pas trois ans. Ce qui signifie que Me Coche, avocat au barreau de Poitiers, et son client ont dû fouiller dans l’épais dossier d’instruction pour dénicher quelques pièces récentes. « Nous avons trouvé une facture d’Orange et sa déclaration d’impôts de 2012. Heureusement ! »

Les premières infractions (routières) commises par le faux Alain Grégoire remontent en effet à… 2004. Le double maléfique du Poitiers a ensuite sévi auprès de plusieurs établissements bancaires. Comble de malchance, il s’était marié à une certaine Marie-Louise Ndebane le 25 mai 2004. L’escroc récidiviste derrière les barreaux, Alain Grégoire va pouvoir reprendre une vie normale. Sans crainte de contracter un prêt ou de circuler en voiture. « Il va falloir du temps, mais l’essentiel est acquis », se félicite sa fille. Peut-être cette affaire fera-t-elle jurisprudence au vu de son ampleur. L’usurpation d’identité toucherait, chaque année, en France, plus de 400 000 personnes.

Légende : Sandrine Grégoire (à droite) s’est battue plusieurs années pour que son père retrouve son identité.

 

 

 

 

 

 

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