Les Désert, la preuve par neuf

Cinquième volet de notre série sur les vieilles familles poitevines. Incontournables dans le monde des assurances, les Désert dirigent la Mutuelle de Poitiers depuis 1868. À 40 ans, Stéphane est la neuvième génération à perpétuer le flambeau.

Arnault Varanne

Le7.info

Il est des traditions orales auxquelles on ne déroge pas. À la Mutuelle de Poitiers assurances, la performance économique se conjugue sur un mode familial. À 175 ans, la vieille dame a une nouvelle fois confié les rênes de sa destinée à « un » Désert, sans que rien ne l’y oblige. Stéphane, en l’occurrence. Le neveu d’Olivier -quarante ans de maison, huit comme directeur général- a fêté ses quarante ans en août dernier et le conseil d’administration lui a donné son feu vert pour pérenniser « l’œuvre » de ses ancêtres. « Il est important de préciser qu’aucun Désert ne figure au conseil d’administration », balise le nouveau « DG » de cet artisan de l’assurance (900 collaborateurs, 285 agences, 315M€ de CA en 2013). Une façon d’indiquer que ledit conseil d’administration aurait pu effectuer un autre choix…

Seulement voilà, si on ne naît pas directeur général, on le devient à la Mutuelle de Poitiers. Comme avant lui son père Maxime-Henri (1991-2005), Stéphane a suivi le parcours d’un futur dirigeant : maîtrise de droit privé à Poitiers, diplôme de l’institut d’assurances de Paris, DESS d’assurances à la Sorbonne et MBA au Cnam de Paris. « L’assurance, c’est un métier compliqué, il faut être formé. Dans ma famille, il faut faire ses preuves. » Et force est de constater que, jusque-là, aucun Désert n’a fait défaut. La tradition familiale veut que l’aîné des garçons soit propulsé à la tête de l’entreprise. Sinon, Caroline aurait pu prétendre à succéder à son oncle. « Peut-être que cela changera un jour… » À défaut, la sœur aînée de Stéphane occupe un poste à la Mutuelle de Poitiers, mais dans la capitale. La fratrie compte six membres.

Le poids de l'héritage

Sur sa feuille de route, le neuvième de la lignée des Désert a une mission très claire : gérer l’entreprise et la transmettre en aussi bonne santé qu’il n’en a héritée. Voilà pour le plan général. Dans le détail, il entend « continuer à bien servir les sociétaires », en cultivant les valeurs mutualistes. « Il nous faut concilier à la fois la dimension de proximité avec une présence accrue sur le web, des services de qualité et un prix ajusté. » En tous cas, s’il y a bien un point sur lequel la Mutuelle de Poitiers ne transigera pas, c’est son indépendance. Le marathonien à la ville (record à 3h27’) et passionné d’histoire sait que le temps est sa meilleure arme. « Ici, nous ne distribuons pas de dividendes à nos actionnaires, nous gérons l’entreprise de façon raisonnable, avec une attention particulière portée à nos salariés. » Dans son bureau, qui sert aussi de salle de réunion au conseil d’administration, les portraits de tous les anciens directeurs généraux et présidents trônent aux murs. Celui d’Olivier Désert est en cours de fabrication. C’est la tradition et personne n’y déroge.

 

 

 

 

 

À lire aussi ...