Pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques d’hiver, les athlètes de l’équipe de France de ski cross seront équipés de vestes airbag à déclenchement automatique, en cas de chute. Les derniers tests de ce matériel ultrasophistiqué se sont déroulés dans les laboratoires du Critt Sport et Loisirs de Châtellerault.
Les 20 et 21 février, Franck Leplanquais et Alexandre Adalbert jetteront un regard particulier sur les dernières épreuves des Jeux Olympiques de Sotchi. Et pour cause, le directeur général du Critt Sports & Loisirs et son coordinateur technique et qualité ont participé à la certification « CE » d’un airbag révolutionnaire, car destiné à équiper les huit membres de l’équipe de France de ski cross (*) engagés dans la compétition. Le fruit d’une collaboration avec les équipes d’Helite, une PME spécialiste de la protection individuelle, et les ingénieurs R&D d’Hynove. « Que des skieurs soient équipés d’une telle protection est une première dans une grande compétition internationale », remarque Valentin Honoré,
En septembre dernier, l’ingénieur en charge du projet chez Hynove se trouvait encore à Châtellerault pour les derniers tests en laboratoires, avant l’homologation du produit. Dans le détail, la plateforme a vérifié que le temps de gonflage de l’airbag et les zones couvertes sur le corps étaient conformes au cahier des charges. « Nous avons également travaillé sur les mesures d’absorption de l’énergie », indique Alexandre Adalbert. Le système, destiné au champion du monde en titre Jean-Frédéric Chapuis ainsi qu’à ses partenaires de l’équipe de France, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.
Sous la veste pendant les JO
Des capteurs sont en effet positionnés dans la chaussure de chaque athlète. Au-delà d’une certaine vitesse (20 km/h), lorsqu’une perte de contrôle est détectée, un signal arrive immédiatement à un générateur de gaz situé à l’arrière du gilet, lequel se charge de gonfler l’airbag. « Notre boulot a consisté à simuler ces accidents pour s’assurer que la réponse était optimale », ajoute le coordinateur qualité du Critt Sport & Loisirs de Châtellerault. En parallèle, des tests grandeur nature ont eu lieu pendant plusieurs mois, sachant que la Fédération française de ski (FFS) est soucieuse de protéger ses athlètes. Ses homologues suédois, suisse, canadienne et norvégien sont très intéressés.
Les ingénieurs d’Hynove ont mis en évidence que les lésions les plus graves touchaient le plus souvent la colonne vertébrale, le thorax, l’abdomen, la nuque et la hanche. D’où ce gilet avec une dorsale « haute performance en carbone et kevlar ». Si vous êtes devant votre télé les 20 et 21 février, ne soyez pas déçus si vous ne distinguez pas le « spécimen » en question. D’abord parce que le règlement des JO impose qu’il soit sous la veste. Ensuite parce que les huit ski crosseurs ne le porteront peut-être pas…
*) Les huit athlètes retenus sont Arnaud Bovolenta, Jean-Frédéric Chapuis, Jonas Devouassoux, Jonathan Midol, Alizée Baron, Marielle Berger Sabbatel, Ophélie David et Marion Josserand.
Unique en son genre
Né en 1988 dans le garage de l’IUT de Châtellerault, le Critt Sport & Loisirs se définit comme le « garant de la sécurité et de la performance » des produits qui lui sont soumis par des fabricants du monde entier. Du casque de VTT vendu en hyper au prochain vélo utilisé pendant le Tour de France, en passant par les tatamis de dojos, l’équipe de dix-neuf personnes teste, chaque année, des centaines d’équipements. « On nous les confie neufs et on les rend cassés ! », plaisante son directeur Franck Leplanquais. Plus sérieusement, ce Centre de ressources technologiques est unique en son genre dans l’Hexagone, d’autant que son expertise conditionne l’homologation des produits à l’échelle européenne. En 2013, la structure a réalisé un chiffre d’affaires d’1,5M€.