Le tour de France de Marine Le Pen en vue des Municipales de mars 2014 a fait halte aujourd’hui à Poitiers. La présidente du Front National considère la capitale régionale comme «une terre de mission», sur laquelle le Rassemblement bleu marine a vocation à «reprendre pied».
Dans la hiérarchie du FN, la commune est l’un des trois échelons essentiels de la « vie démocratique », au même rang que « le Département et la Nation ». Pas étonnant, dès lors, que le parti d’extrême droite cherche à « s’implanter partout où c’est possible, des grandes villes jusqu’aux villages ». « Il n’y a pas que l’élection présidentielle qui doit nous mobiliser », admet Marine Le Pen, fer de lance de cette stratégie de reconquête. Contrairement à 2008, le Front National présentera ainsi, aux Municipales de mars prochain, trois listes dans la Vienne -quinze dans la région-, à Poitiers, Châtellerault et Thuré.
La députée européenne est en persuadée, c’est sur ces « terres de mission difficiles » que « son » Rassemblement bleu marine obtiendra les meilleurs scores. Notamment en propageant les thèmes chers au parti : le « cancer » de l’insécurité, l’immigration ou encore le « fléau du chômage ». « Ces Municipales vont permettre aux Français d’exprimer leur rejet absolu de la politique actuelle… » Elle n’hésite pas à renvoyer dos-à-dos l’UMP et le PS, coupables d’avoir «enlevé la substantifique moelle de leur pouvoir aux maires» au profit des intercommunalités. Ce qui n’empêche pas le Front de lorgner un maximum de communes dès le prochain scrutin et de déborder d’ambitions pour les Européennes de mai.
Alain Verdin, le flou artistique
A Poitiers, la tête de liste « RBM », transfuge récent de Debout la République, vise clairement à atteindre la barre des 10% pour se maintenir au second tour. Reste à savoir si Alain Verdin pourra boucler sa liste à temps. À dix minutes d’intervalle, l’ex-policier a évoqué « une bonne moitié de noms trouvés », dont aucun membre de Génération Identitaire, avant d’indiquer qu’il avait déjà « deux tiers » de ses colistiers. La question du journaliste a évidemment déplu à Marine Le Pen, qui estime que la presse « n’aurait pas posé la question à un candidat PS ou UDI ». « Notre gros problème, c’est la parité, a-t-elle ensuite observé. Il y a moins de femmes que d’hommes en pourcentage qui ont le goût de s’investir en politique. »
Quoi qu’il en soit, il sera compliqué de découvrir les noms des colistiers du candidat FN à Poitiers avant le dépôt des candidatures. La stratégie nationale vaut aussi pour la capitale régionale ! Pas plus de chance avec les éléments du programme. Alain Verdin en dévoilera « les mesures phares plus tard ». On sait d’ores et déjà que le patron du FN dans la Vienne veut instaurer un couvre-feu pour les mineurs de moins de 14 ans, après 23h. Pour le reste, Alain Verdin reproche à Alain Claeys son « aménagement exponentiel du centre-ville, où les citoyens ne peuvent plus accéder ». Puis épingle la place d’Armes -« Quand il pleut, les gens se cassent la figure ! »- et annonce qu’il rouvrira «certains axes de la ville» en cas d’accession à la Mairie. Dernière promesse de campagne : « Etre en sécurité dans toutes les rues. A Poitiers, on ne doit plus avoir peur. »
Une trentaine de manifestants à l’extérieur
Le Front National avait donc convié, ce midi, dans un hôtel de Poitiers, quelque 240 sympathisants à une rencontre avec Marine Le Pen. Objectif : mobiliser les troupes avant le scrutin de mars et encourager les récalcitrants à rejoindre les listes du Rassemblement bleu marine dans la Vienne. Pendant que les militants du Front étaient affairés autour du buffet, une trentaine de manifestants des Partis socialiste et communiste, ainsi que du syndicat étudiant Unef ont manifesté contre la venue du leader frontiste. À signaler que trente policiers en tenue et quelques-uns en civil ont sécurisé les abords de l’hôtel. Aucun débordement n’a toutefois eu lieu. Marine Le Pen tiendra un meeting ce soir à La Rochelle.