Le prêtre à confesse

Deux articles du droit canonique régissent le silence des prêtres... Le quatrième volet de notre série sur le secret professionnel est consacré au respect de la confession, qui ne doit être trahi sous aucun prétexte.

Romain Mudrak

Le7.info

Dans la Vienne comme ailleurs, les églises se vident. Mais bien que le nombre de confessions épouse la même tendance, il reste relativement important, si l’on en croit André Talbot. Le prêtre responsable du secteur de Poitiers-Nord entend, rien qu’à Chasseneuil-du-Poitou, trois pénitents par semaine en moyenne. Encore plus en
période de Noël. « A travers des expériences vécues, les gens me demandent des conseils pour être meilleurs et vivre en harmonie avec l’Evangile », raconte l’homme de foi. Contrairement aux idées reçues, dans les églises, le confessionnal est désormais utilisé pour « ranger les chaises cassées ».
André Talbot rencontre les fidèles avant ou après la messe, en habits liturgiques, à l’écart des oreilles indiscrètes. La « mission spécifique du pardon » est l’un des sept sacrements réservé aux prêtres. Le secret de la confession est régi par deux articles du droit canonique, genre de code civil qui fixe les règles symboliques de bonne conduite entre catholiques.
Le paragraphe 983 est particulièrement clair : « Le secret sacramentel est inviolable. C’est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d’une autre manière, pour quelque cause que ce soit. » Même lorsque le contrit avoue un crime ou un délit pénalement répréhensible (lire ci-contre).
« Cette discrétion permet d’instaurer un climat de confiance entre les deux personnes. Dans le monde actuel, pétri d’individualisme, c’est déjà beaucoup », souligne André Talbot. Les prêtres ne sont pas les seuls à devoir garder le silence. Les diacres et les laïcs, qui interviennent au service de la communauté paroissiale, s’engagent aussi à ne pas étaler les problèmes des confessés sur la place publique. Pendant la catéchèse, des enfants dévoilent parfois aux animateurs les difficultés financières de leurs parents. « Nous témoignons de la bienveillance évangélique à l’égard des douleurs intimes, sans jugement. » Parler de ses malheurs contribue souvent à trouver 50% de la solution.
 

Faut-il dénoncer les criminels ?

Les prêtres ne sont pas confrontés à des délinquants tous les quatre matins... André Talbot ne s’est même jamais retrouvé dans cette situation. Il a néanmoins un avis tranché sur la dénonciation des actes délictueux. C’est non ! « Nous n’avons aucun moyen d’enquête, seulement la parole du pénitent. Est-ce suffisant pour contacter la police ? En revanche, la confession implique le désir de changer de vie en affrontant, par exemple, la justice. » Le prêtre s’adresse à la conscience des croyants. S’ils conditionnent le pardon à la reddition, ils espèrent que le délinquant ira se repentir. Dans le cas contraire, la seule voie sera celle du parjure.

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