Adossée à une défense de fer, le PB 86 a remporté sa quatrième victoire de rang à Saint-Eloi, en étouffant Le Portel et en ne lâchant rien à l'emballage. Ah, si seulement il pouvait en être ainsi à l'extérieur.
Avec ce PB-là, on ne sait plus vraiment à quoi s'en tenir. Souvent si proche, rarement à bon port, l'ancien pensionnaire de l'élite a appris, bien malgré lui, à jouer avec les nerfs de ses pourtant fidèles supporters. Au moins pouvait-on espérer ce soir que la chaleur de Saint-Eloi réconcilie les troupes de Ruddy Nelhomme avec leurs devoirs domestiques, pour entretenir l'espoir d'une reconquête (trop) longtemps attendue.
Dans ce contexte de remise en cause, Ingram et les siens ont eu le mérite de trouver rapidement des réponses à leurs interrogations. En muselant dans un premier temps le duo Bronchard-Jackson sous le cercle, en profitant ensuite abondamment de l'imprécision en attaque de l'armada portelloise. On peut même dire que sans l'éclat du « substitute » Mc Kines, très tôt sorti du banc par Eric Girard, et auteur de dix-huit points sur le seul premier acte, la valise aurait été beaucoup mieux garnie.
Dans le feu de l'action, on craignit même le pire lorsqu'à la sirène d'un deuxième quart parfaitement maîtrisé, ce même Mc Kines (29 points au total) fit mouche à huit mètres. Le Portel s'en sortait alors plutôt bien en virant à la pause avec un débours d''onze points (29-40).
Pas de coup de moins bien
Pareil matelas aurait pu suffire à n'importe quelle équipe de Pro B. Pas à Poitiers, tellement habituée à fléchir à l'approche du poteau. Aussi ne pouvait-on que se gonfler d'orgueil à la lecture des trois paniers longue distance signés Souchu, Guillard et Ingram, à l'entame du troisième quart-temps. Le duel de géants entre Fall et Zaki donnait alors encore un peu plus de piment à la fête. Les cotillons, c'était une nouvelle fois pour Ingram par-delà la ligne (48-33).
L'affaire, autant l'avouer, semblait enfin bien ficelée, tant les Nordistes manquaient de ressources à l'extérieur et de cohérence dans les rotations. Fall, dans la raquette, et le petit Thinon, d'un missile impeccable, maintenaient sur la durée le cap des espérances locales (67-53). A sept minutes du verdict, il ne pouvait plus rien arriver à ce PB sûr de lui.
Plus rien ? Si, une grosse montée d'adrénaline, du genre à vous couper le bras à l'instant de mettre à mort. Comme à Rouen, où le même score, au même instant, s'était affiché au tableau en début de semaine. Las pour le Portel, Poitiers apprend parfois de ses erreurs. Greer à trois points, puis Fall et Guillard, aux lancers francs, offraient ainsi sa plus belle avance de la partie (74-55, +19) à une formation poitevine généreuse en diable. En face, Mangin et Wojciechowski avaient beau se démener, rien ne pourrait plus barrer aux Poitevins la route d'un quatrième succès consécutif à Saint-Eloi. Sans doute parmi les plus accomplis.
La fiche
Poitiers, salle de Saint-Eloi. 2060 spectateurs. Arbitrage de MM. Antiphon et Ben Merzouk. Mi-temps :40-29. Evolution du score : 20-12, 20-17, 22-24, 16-11)
PB86 : Ingram (19), Greer (9), Souchu (3), Guillard (11), Ekperigin (12), puis Thinon (7), Harley (3), Fall (11), Mendy 3, Jaumard (0).. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Le Portel : Mangin (3), Gibson (10), Chathuant (0), Bronchard (3), Jackson (5), puis Wijciechowski (6), Maille (2), Charles (0), Zaki (6), Mc Kines (29). Entraîneur : Eric Girard
Ils ont dit
Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 : « Ce match est dans la lignée de ceux que nous effectuons ici, depuis un moment. Maintenir une artillerie comme celle du Portel à 64 points, c'est très encourageant. Le problème, c'est qu'on n'arrive pas à reproduire ce type de prestation hors de nos bases, tout au moins sur quarante minutes. Il faut qu'on se lave la tête et qu'on demande au Père Noël qu'il nous apporte une ou deux victoires à l'extérieur. Cela redorerait un peu notre saison, qu'on voyait plus belle. »
Eric Girard, entraîneur du Portel : « Lorsqu'on s'appelle Poitiers et qu'on est quinzième de Pro B, on se doit de réagir. J'ai vu cette équipe plier à Rouen et j'ai prévenu mes gars qu'il y avait deux PB 86. Je savais qu'on rencontrerait l'autre version, si séduisante, de cette équipe. Mes gars ne l'ont pas tous entendu. C'est dommage ! Car dès lors que deux ou trois éléments ne se font pas violence, Le Portel redevient une équipe lambda du championnat. C'est cela être un champion, se remettre sans cesse en question. »
Mustapha Fall, pivot du PB 86 : « Nous avons réussi à imprimer une grosse intensité d'entrée. On a bien verrouillé leurs intérieurs et sorti des ballons plus faciles pour nos shooteurs. Cette alternance a été une clé de notre réussite. Maintenant, il faut vraiment qu'on s'accroche et qu'on ne laisse plus filer des parties aussi bêtement que ces derniers temps à l'extérieur. Il nous la faut cette victoire déclic. »
Pierre-Yves Guillard, intérieur du PB 86 : « Je ne sais pas d'où vient cette peur de gagner qui nous ronge depuis le début de la saison hors de Poitiers. C'est con, car des prestations comme celles d'aujourd'hui, on en a fait d'autres, mais pendant trente-cinq minutes. Quand on arrive à contenir ainsi une équipe du calibre offensif du Portel, on ne peut qu'être conscient de notre valeur. Alors, montrons-la dans la durée ! »