En quête de discrétion

Troisième épisode de notre série sur le secret professionnel. Le personnage principal est aujourd’hui un détective privé de Poitiers, qui a souhaité rester anonyme pour « préserver ses donneurs d’ordre ».

Romain Mudrak

Le7.info

Rendez-vous est pris dans un bar, en périphérie de Poitiers. « Cet endroit est tranquille et bien fréquenté. C’est là que je rencontre mes clients », éclaire Serge, en guise d’introduction. Il évoque son passé dans les grandes lignes, mais ne souhaite pas le voir étalé dans la presse. Son prénom doit être changé et la photo est écartée.

Son regard inquisiteur transperce ses interlocuteurs. C’est l’un de ses atouts. Serge est détective privé dans la Vienne. Son métier consiste à « traquer les incohérences dans les discours ». Surtout lorsqu’il cherche à mettre à mal une arnaque à l’assurance. Téléviseur détruit par un voisin, automobile incendiée... L’imagination des escrocs n’a pas de limite. Si les détectives privés ne sont pas tenus à un devoir de réserve selon la loi, Serge s’astreint au mutisme pour des raisons professionnelles : « Mes donneurs d’ordre n’apprécieraient pas que je m’affiche publiquement. Ce serait aussi plus compliqué de rester discret. »

Discrétion, le mot est lâché. Ses proches ne connaissent pas les détails de ses affaires et de ses déplacements. Une manière de rester invisible lorsqu’il prend en photo un salarié accusé d’utiliser les moyens de production de son entreprise à des fins personnelles. Ou qu’il file en voiture un homme soupçonné de tromper sa compagne. « Mon bureau, c’est ma voiture », plaisante-t-il.

Comme le médecin légiste poitevin Michel Sapanet dans ses livres, lui ne s’empêche pas de raconter quelques histoires surprenantes au cours d’un dîner entre amis. Mais l’anonymat est garanti. « Une fois, j’ai récupéré un camping- car pour me stationner en face d’une maison. Mon client désirait une photo de sa femme embrassant son amant. Il l’a eue. »

La plupart du temps, ses « clients » veulent juste savoir... sans que cela ne se sache. Serge revendique « vingt à vingt-cinq affaires par mois ». Il refuse même des appels. « Je n’utilise que des moyens légaux. Or certains réclament parfois l’impossible.» Le danger ne l’effraie pas. Toutefois, il confie qu’il ne s’est jamais mis dans une telle situation à Poitiers. Et qu’il ne roule pas non plus en Ferrari... Les frasques de Magnum sont réservées à la télé.

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