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Dominique Poey. 60 ans. Palois de naissance, Poitevin jusqu’à la mort. Elevé dans le culte du rugby et de la pelote basque, converti à la religion du basket, à Orthez puis au PB86. Depuis trente-cinq ans, est salarié de la Fédération française de… tennis.

Nicolas Boursier

Le7.info

Pour les gens simples, la mise à nu est un supplice. Au pilori de la confession, Dominique Poey reste digne et droit. Son intimité est un jardin secret d’où s’échappent parfois quelques fleurs, offertes en bouquet à qui sait fendre la carapace. La « solitude du fils unique », comme celle de l’ado orphelin de père à 18 ans, résonnent encore au fronton de ses souvenirs. « J’aurais aimé que ce père-là m’accompagne plus longtemps », lâche-t-il sobrement.

Il le tait, mais on le devine : l’absence fut un poids. Lui se borne à exhumer le nanan, la passion du sport inoculée par ce paternel au grand cœur. « Quand vous naissez Béarnais et garçon, vous êtes prédestiné. Ce sera soit le rugby, soit la pelote. Ou les deux. » Pour l’enfant de Jurançon, ce furent ovale et chistera. Jusqu’au jour où… « Jusqu’au jour où, dans mon village, on a décidé de construire un court de tennis », rappelle Dominique Poey.

Le gamin n’a pas 10 ans et se prend rapidement au jeu, progressant régulièrement pour atteindre un niveau plus que correct de -15, qui lui ouvre, en 1970, les portes de l’équipe de France juniors. « Je me souviens qu’avec mon club du TC Béarnais, j’ai disputé un match d’accession à la D2 nationale contre le Stade poitevin. Son capitaine se nommait Pierre Boyard. J’étais loin de m’imaginer qu’il deviendrait un deuxième père. Et aussi que cette ville de Poitiers marquerait à ce point mon existence… »

Poitiers, deuxième essai

Nous sommes en 1973. Sur les conseils de Boyard, son nouveau mentor, le Béarnais aux ascendances basques effectue le grand saut de l’émancipation. Direction les rives du Clain et la fac des Sports. Le bachelier littéraire veut devenir prof… Il n’aura jamais le diplôme. « Je me suis très vite retrouvé livré à moi-même, dans une cité où je ne connaissais personne et qui, faut-il l’avouer, ne me plaisait guère. »

L’aventure fait long feu. Poey enchaîne alors : l’armée au Bataillon de Joinville, un bref retour à Pau, l’animation de stages de tennis sur l’Île de Ré, le coaching au sein du célèbre club de Primrose, à Bordeaux. « Je vivotais, quoi ! »

Mais Boyard le suit toujours. En 1978, il revient à la charge, en lui proposant un poste à la fédération. Un tennis études vient d’être créé. On a besoin d’un éducateur. Où cela ? Mais au Creps de Poitiers, bien sûr ! « L’histoire se répétait, mais je devais l’écrire différemment, sourit Poey. Bien m’en a pris, puisque je suis resté à la tête de ce pôle France pendant vingt-et-un ans. Aujourd’hui, on ne me ferait plus quitter cette région, où mes trois enfants de 32, 26 et 20 ans ont grandi. »

Sous sa coupe, au domaine de Boivre, les futurs talents du tennis tricolore arpègent leurs gammes. Ils ont entre 12 et 15 ans. Le fantasque Olivier Delaître est de la première promotion. La dernière, en 1998, donne leur chance à des petits gars prometteurs. Ils se nomment Jo-Wilfried Tsonga, Jocelyn Ouanna ou Gilles Simon. Et entre les deux, que du beau monde ! Dans le désordre, Escudé, Mahut, Benneteau, Devilder, Roux, Di Pasquale… « A l’époque, j’étais incapable de dire s’ils feraient ou non une carrière internationale, admet Dominique. En revanche, ils avaient tous un point commun : ils pétillaient d’envie et me poussaient à me dépasser. Mon rôle, c’était de les protéger et de leur inculquer un état d’esprit. Quand je vois leurs parcours, je suis fier d’avoir fait partie, ne serait-ce qu’un instant, de leurs vies. »

Parmi ses chouchous, se dégage un nom, celui d’Arnaud Di Pasquale. Depuis juillet dernier, le médaillé de bronze des JO de Sydney préside aux destinées de la Direction technique nationale. Dans son ombre, Dominique Poey, qui a remisé au placard, en 2012, son costume de responsable national du haut niveau junior à la FFT, a accepté de lui donner un coup de main. « J’écume la France à la rencontre des présidents de Ligue. Je le fais uniquement pour soulager Arnaud, car chez moi, l’humain et l’amitié sont au-dessus de tout. » Combien de temps ce sacerdoce durera-t-il ? « Un, deux ans, pas plus. »

Car pour tout dire, Dominique Poey en a sa claque des voyages. Seuls ceux qu’il s’accorde avec son épouse chti, Catherine, rencontrée à Poitiers en 1979, trouvent grâce à ses yeux. « Notre plaisir suprême, c’est de suivre les matches du PB. L’an passé, je ne sais pas si j’ai loupé un déplacement. »

Eduqué aux joies du basket à Orthez, sous l’aile de l’inénarrable président Pierre Seillant, Dominique n’a rien raté de l’ascension du CEP, puis du PB. C’est son autre famille, son autre religion. Le creuset d’affinités sincères, avec Greg Thiélin et Ruddy Nelhomme, notamment. Sa dope de pré-retraité. Et qui sait, de futur engagé associatif. « Là où je pourrai servir à quelque chose », prévient-il.

Quelle que soit la taille de la balle, Dominique Poey a toujours aimé voir réussir les autres. Qu’importe, alors, si lui-même reste tapi dans l’ombre. L’humilité est un art que nul ne peut juger…

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