Dans quelques semaines, S’Tile lancera, dans la région, une ligne de production pilote de plaquettes pour cellules solaires. Sur un marché de l’énergie photovoltaïque atone, la PME de dix-sept salariés suscite l’intérêt de très nombreux investisseurs.
Dans l’ombre de dossiers plus médiatiques -Solaire Direct-, S’Tile poursuit son bonhomme de chemin. Plus de six ans après sa création, cette start-up fondée par Alain Straboni et hébergée au Pôle des éco-industries s’apprête à frapper un grand coup dans l’univers si dégradé du solaire photovoltaïque.
Aux premières lueurs de 2014, S’Tile va implanter en région une ligne de production de « plaquettes pour cellules solaires » de 100MWc. Dite comme ça, la nouvelle peut paraître anodine. Mais derrière cet intitulé peu lisible, se cache une pépite technologique de premier rang.
Grâce à deux brevets CNRS déposés en 2002 et 2006, Alain Straboni et ses équipes (dix-sept salariés) surfent sur un concept innovant, qui permet de diminuer le coût des cellules d’au moins 30%. « Notre procédé permet de s’affranchir de deux étapes clés de la fabrication des wafers de silicium dans l’industrie photovoltaïque classique », résume Maximilien Petitgenet, directeur général adjoint de S’tile. Avec des coûts en baisse, nous pouvons redevenir compétitifs en Europe. » Jusque-là, les recherches des ingénieurs et techniciens de la jeune pousse innovante se heurtaient à la barrière du rendement énergétique. Mais, dernièrement, ses cellules « expérimentales » ont atteint 15%, alors qu’un tel seuil d’efficacité n’était attendu qu’en 2016.
Nouvelle levée de fonds
C’est la raison pour laquelle S’tile accélère le processus. « D’ici un ou deux ans, nous serons sur les standards du marché, soit des rendements de 18 à 19% », précise le bras droit d’Alain Straboni. Preuve de son intérêt, S’Tile a déjà levé 13M€ auprès d’investisseurs publics et privés (Emertec, Oséo…) et s’apprête à organiser une nouvelle levée de fonds de « 3M€ d’ici mars 2014 ».
L’Institut national de l’énergie solaire, le CNRS, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ou encore le Fraunhofer suivent de très près les travaux de la startup poitevine. Il faut dire que S’Tile est sans doute assis sur un tas d’or. Si ses promesses se concrétisent à l’échelle industrielle, le fabricant de cellules sera courtisé par des dizaines d’opérateurs à travers le monde.
En attendant, S’Tile cherche des locaux pour héberger sa ligne de production, car le Pôle des éco-industries ne pourra bientôt plus absorber sa croissance. « Nous resterons dans la région », assure Maximilien Petitgenet. Initialement, Ségolène Royal aurait dû rendre visite à Alain Straboni et ses collaborateurs le 15 novembre. Mais la présidente de Région assistera finalement à la pose de la première pierre de Center Parcs, dans le Nord-Vienne. S’Tile pourra donctravailler quelques semaines supplémentaires dans l’ombre de dossiers plus... médiatiques.