Celle-là fait encore plus mal

Le PB86 s’enfonce un peu plus dans la crise, après sa quatrième défaite consécutive, la troisième à Saint-Eloi. Châlons-Reims a profité à fond des largesses de son hôte pour s’imposer après une double prolongation.

Arnault Varanne

Le7.info

Ça aurait dû être la victoire des sans-grade. Cela s’est transformé en défaite du leadership. Dans le sillage d’un Moustapha Fall immense, au sens propre comme au sens figuré (23pts, 13rbds, 4 contres, 35 d’évaluation), Arnauld Thinon, Kevin Harley ou encore Elson Mendy, auteur d’un tir venu d’ailleurs pour arracher la première prolongation (71-71), n’avaient jamais été à pareille fête cette saison. Une fête gâchée par un quatrième quart fébrile, marquée du sceau de l’approximation en attaque. Une fête gâchée par deux prolongations mal négociées, avec notamment trop de cadeaux offertes à Slay, Pasalic ou Mels et… la bagatelle de six balles perdues.

Oui, le PB86 aurait sûrement gagné ce « choc » des gros bras, s’il avait su attaquer la zone 2-3 servie par Antic dans le dernier acte. Car jusque-là, les troupes de Ruddy Nelhomme avaient fait le job, laissant passer l’orage dans le premier quart (9-16, 7e), pour mieux pilonner les positions adverses par Fisher ou encore Thinon (16pts, 5pds). Elles semblaient même enclines à ne pas se focaliser sur Slay (13pts en dix minutes), mais davantage à mettre Pasalic -pénalisé par les fautes- ou Morandais dans la difficulté. Autant de choix payants avant la pause, grâce en particulier à la domination outrancière de Fall dans la raquette (43-32, 20e).

Thinon, retour perdant


Tout allait alors pour le mieux dans le meilleur des mondes, d’autant qu’Harley y allait de son récital en attaque -sept points d’affilée- et que Thinon était au four (passe décisive pour Ekperigin) et au moulin (lancers francs). Poitiers prenait ses aises (52-39, 55-41), seulement contrarié par l’activité de Pape Beye à l’intérieur et une première banderille de Mels (56-49, 30e). A l’approche de ce quatrième quart, on se disait alors que les leaders naturels du PB allaient inévitablement prendre le relais. Que Justin Ingram et Karim Souchu, plutôt discrets jusque-là, ne resteraient pas en retrait toute la soirée. Erreur.

L’ex-ailier de Cholet Basket n’a pas élevé son niveau, perdant quelques ballons préjudiciables. Quant à Justin Ingram, il a sombré corps et biens (2/15 aux tirs), jusqu’au bout. Du coup, le PB a rejoué le scénario d’Aix, ajoutant à ses difficultés offensives de la fébrilité défensive. Et c’est assez logiquement que les Champenois sont d’abord revenus sur les talons de leur hôte, à la faveur d’un 7-0 (de 64-56 à 64-63), avant de se glisser dans le costume du patron par Giffa à quinze secondes du terme (68-69). Il y eut ensuite ces deux lancers francs de Slay (34pts au final), puis ce tir de l’égalisation à au moins neuf mètres signé Elson Mendy (71-71). Pas de quoi perturber le CCRB, auteur du meilleur départ dans cette prolongation (71-76). Thinon endossa les habits du sauveur sur son troisième triple de la soirée (78-78), avant que Fall n’arrache, à son tour, un deuxième « extra-time », après un lay-up de Joss-Rauze manqué au buzzer. 

Dernier temps. Fall, encore lui, donna deux points d’avance à son équipe et Guillard trois d’un panier longue distance plein de hargne. Las… Pasalic décocha une flèche empoisonnée à huit mètres (87-87, 48e). La suite ? Deux air ball d’Harley et Souchu en périphérie, une balle perdue de Thinon et une dernière interception un peu litigieuse de Mels sur Ingram douchèrent les derniers espoirs de Saint-Eloi. Au soir de cette dixième journée, il ne faut pas s’en cacher, le PB86 est en crise sportivement. Le club pointe à la 13e place et Bourg se profile à l’horizon…

Photo Seb Jawo

La fiche
A Poitiers, salle Saint-Eloi, Châlons-Reims bat Poitiers Basket 86 95-90. Mi-temps : 43-32.  Arbitrage de MM. Paic et Fernandes. 2320 spectateurs. Evolution du score : 21-20, 43-32, 56-49, 71-71, 80-80, 90-95.

POITIERS
Thinon (16), Harley (12), Souchu (4), Ekperigin (5), Guillard (9), Fall (23), Mendy (7), Fisher (7), Ingram (7). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 

CHALONS-REIMS
Pasalic (10), Morandais (15), Bouedo (3), Slay (34), Giffa (8), Mels (16), Beye (9). Entraîneur : Nikola Antic.


Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Il n’y a pas grand-chose à dire. On perd notre quatrième match d’affilée, le troisième à la maison. Inévitablement, il faut qu’on arrive à trouver le bon ingrédient pour gagner ici. On a tous vu le même match, on a fait de bonnes choses, de moins bonnes. L’équipe de Reims a pu profiter d’erreurs de notre part. Il y a beaucoup de frustration et de déception. C’est dommage. On va essayer de s’en remettre avant d’aller à Bourg. Chaque match est différent. Après, on a Arnauld qui revient, Fisher qui est là et pas là, nos deux leaders du début qui sont moins présents… Ça fait beaucoup de choses, mais on aurait quand même dû gagner ce match. »

Arnauld Thinon (meneur du PB86) : « On a commencé à perdre des ballons bêtes sur la zone de Châlons en fin de troisième quart. Je ne sais pas trop comment l’expliquer. En tout cas, on perd encore trop de ballons et c’est préjudiciable. On n’a pas réussi à trouver les intervalles. En première mi-temps, nous avons bien alterné entre jeu intérieur et extérieur. Ça marchait plutôt bien. Mais je me répète, on perd beaucoup trop de ballons qui donnent des points faciles. Personnellement, je me suis bien senti dans le match, même si je n’étais pas au top après un mois sans compétition. »

Moustapha Fall (intérieur du PB86) : « Je n’arrive pas à expliquer cette défaite. Nous avons laissé trop d’espaces en fin de match. On a laissé trop de tirs ouverts, leur zone nous a déstabilisés. A la fin, c’était une course d’endurance. Ils ont provoqué des fautes, fait des interceptions et marqué des lancers. De notre côté, nous n’avons pas eu assez de lucidité en fin de match. Ils ont mis plus de cœur et nous n’avons pas joué assez avec notre tête. Malgré la défaite, il y a quand même de bonnes choses… »

Nikola Antic (coach de Châlons) : « Ce soir, c’était plus une victoire au courage que par la qualité. Nous n’étions pas énormément meilleurs que Poitiers. On a eu l’occasion de gagner le match deux fois. On n’a pas fait les fautes qu’il fallait. Mais c’était important de gagner psychologiquement, après avoir donné la victoire à Fos. C’est un soulagement. On a fait une bonne défense sur trois joueurs clés de cette équipe, Ingram, Souchu et Guillard. On a eu plus de problèmes avec Fall, mais il fallait tenter quelque chose. »

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