L’école de commerce rate<br> sa rentrée

Campagne de recrutement décevante, certification retirée, conflit ouvert avec la Conférence des grandes écoles… France Business School connaît des premiers mois délicats. D’autant que l’école n’a pas encore achevé son tour de table financier. Mais l’antenne de Poitiers n’est pas menacée.

Arnault Varanne

Le7.info

La rumeur enfle depuis plusieurs semaines à Poitiers. Et si l’école de commerce disparaissait du paysage éducatif ? Une thèse accréditée par les valses hésitations du Conseil général sur le financement pérenne de la structure. Les états d’âme du Département -qui verse 390 000€ par an- ont été étalés au grand jour le mois dernier, provoquant des réactions en cascade.  Le député-maire de Poitiers, Alain Claeys et les dirigeants de FBS s’en sont émus auprès de Claude Bertaud. Le président promet de « revoir la position du Conseil général au cours d’une prochaine session ».

Décidée en 2012, la fusion de cinq grandes écoles de commerce (1) en une seule entité ne s’opère pas dans la douceur. La direction chercherait encore une somme, évaluée à 800 000€, pour doter FBS de fonds propres, nécessaires à son fonctionnement. « L’apport en actifs a été bouclé tard. Le niveau en fonds propres n’était pas précisément déterminé au moment où la fusion a été votée, admet David Cottereau, représentant de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne au conseil d’administration de l’école (2). Toutefois, il ne faut pas oublier que les deux syndicats mixtes de l’Escem apportent aussi leurs fonds propres. Nous ne sommes pas sur une stratégie défensive. »

Soutien « sans réserve »

En clair, la survie du campus de Poitiers n’est pas menacée. D’autant que les partenaires de la Vienne (Poitiers, CCIV, CCIR, Département) ont garanti leur participation sur trois ans, à compter de 2012. N’empêche, pour sa première rentrée, FBS n’a réussi à attirer que quatre cents étudiants sur les… sept cents escomptés. La nouvelle méthode de recrutement Talent days, basée sur les compétences et l’habileté, a fait long feu. À Poitiers, la promotion de 1re année du programme « Grande école » ne comporte que trente-six étudiants. « Elle a compté jusqu’à cent quatre-vingts élèves », affirme un ancien cadre de l’Escem.

Au-delà, la polémique avec la Conférence des grandes écoles, la perte, par l’Escem, de l’accréditation Equis il y a deux ans, ainsi que la non-délivrance d’un grade de Master reconnu par l’Etat ont terni l’image de France Business School. «Il est normal que tout ne soit pas parfait dès le départ», relativise Yves Louzé, directeur général de la CCIV. Seulement voilà, le manque à gagner pour France Business School est important, puisque les frais de scolarité -60% du budget selon Ahmed Hikmi, directeur du campus de Poitiers- s’élèvent à  8000€ par étudiant. Sur un prévisionnel de 65M€, la «super grande école» a dû ramener ses ambitions à hauteur de 50M€ pour l’année 2013-2014. Des calculs sont donc en cours pour savoir qui paiera quoi, parmi les collectivités de la région. Lesquelles soutiennent désormais « sans réserve » leur école de commerce.

(1) Amiens, Brest, Clermont-Ferrand, Orléans et l’Escem Poitiers-Tours.
(2) Par ailleurs président de l’ESC Vienne et de l’Escem Poitiers-Tours.


 

La Chine au secours de FBS ?
Patrick Molle ne cache pas son attirance pour la Chine. Le directeur général de FBS a annoncé la création, en 2014, d’un campus à Pékin, qui délivrera un diplôme reconnu par l’Etat chinois. Il veut aussi développer la formation continue tournée vers l’industrie automobile, à Shanghai. À l’inverse, la Beijing City University devrait ouvrir une antenne à Poitiers dans les prochains mois, avec une centaine d’étudiants en vitesse de croisière. «L’objectif consiste à créer un institut franco-sino-africain à Poitiers», confiait récemment Patrick Molle. Reste à savoir quels fonds apporteront les Chinois…

 

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