Le coup de la panne

En tête après trente minutes, le PB86 a connu une traversée du désert offensive qui lui a coûté un succès précieux à Saint-Eloi. Aix-Maurienne double son hôte du soir au classement. Et Poitiers rentre dans le rang.

Dans un marathon, une fringale au bout de dix bornes ne signifie pas forcément que vous ne serez pas à l’arrivée, nanti de votre record personnel. Aussi, il convient de ne pas céder au catastrophisme après cette quatrième défaite précoce du PB86, la deuxième à domicile et d’affilée. Car tout ne fut pas à jeter dans ce Poitiers-Aix de belle facture sur le plan défensif. « Nous avons même produit du bon basket pendant trente minutes », constate Ruddy Nelhomme. Trois quart temps ponctués de quelques approximations, mais d’une réelle envie de bien faire, à l’image d’un Lesly Bengaber enfin au niveau attendu (7pts, 4rbds).

Sans la rafale de coup de sifflets de la paire Amrani-Acheen -27 fautes à la pause, trois pour Ingram et l’intérieur savoyard Bing-, le premier acte aurait même pu se révéler intéressant (27-26, 20e). Seulement voilà, Poitiers a gâché ce qu’il avait mis trente minutes à accumuler, un matelas heureux de sept unités à l’amorce du money-time (50-43, 30e). Sur un triple dans le corner de Guillard, de surcroît ! A ce moment précis, Ekperigin (13pts, 10rbds) et les siens auraient pu, aurait dû enfoncer le clou. Mais ils ont calé à pleine vitesse, trahis par une adresse famélique pendant de longues minutes (33% au final). Résultat : quatre malheureux points, dont sur lancers francs, en dix minutes. Trop peu pour espérer battre une formation d’Aix-Maurienne généreuse, à défaut d’être géniale. Admettez que s’imposer à Saint-Eloi en shootant à 27% relève de l’exploit !

Trop gourmands derrière l'arc

Percutant en drive, Dar Tucker a provoqué beaucoup de dégâts dans la cuirasse poitevine. C’est lui qui a permis aux Savoyards de revenir sur les pas de son hôte, lui encore qui, d’un tir longue distance, a porté l’estocade (52-59, 38e), avec Ekanga en relais. Boris Meno, avec ses quinze prises, a lui donné beaucoup de secondes chances à ses coéquipiers, notamment dans le troisième quart. Quant aux postes 1-5 Ivey et Bing, ils ont juste fait le job (21pts, 11rbds). De son côté, Poitiers s’est montré, une nouvelle fois, trop insistant derrière l’arc (5/26) et a laissé des points en route sur la ligne des lancers francs (9/18).

Au lieu de s’échiner à marquer de loin, il aurait fallu driver, provoquer davantage de fautes… A Ingram et Souchu, peu en réussite ce soir, d’en retenir les enseignements et de tirer ce groupe vers le haut. Le PB86 finira bien par apprendre de ses erreurs. Le plus tôt serait évidemment le mieux. Mais les matchs s’enchaînent à une telle vitesse que les réglages s’effectueront en match plutôt qu’à l’entraînement. Alors, il n’y a pas encore le feu, mais si le relégué de Pro A souhaite être à l’arrivée du marathon, il vaut mieux que le coup de « calgon » ne dure pas trop. Le déplacement à Evreux de mardi sera révélateur.


La fiche
A Poitiers, Aix-Maurienne SB bat PB86 63-54. Mi-temps : 26-27. Arbitrage de MM. Amrani et Acheen. Score par quart temps : 14-15, 12-12, 17-23, 20-4. 2365 spectateurs. 

POITIERS
Harley (2), Souchu (11), Ekperigin (13), Guillard (3), Fall (4), Mendy (3), Fisher (6), Bengaber (7), Ingram (5). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

AIX-MAURIENNE
Ivey (15), Meno (6), Ekanga (10), Clerc (5), Tucker (21), Bing (6). Entraîneur : Antoine Michon.

Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraineur du PB86) : « On n’est pas là où on devrait être aujourd’hui. Ca fait deux matchs perdus à la maison et cela nous complique la tâche par rapport à nos ambitions. On a fait trois bons quarts temps, mais on a perdu le fil conducteur dans le dernier, pas qu’en attaque. On a laissé des drive, des shoots. Petit à petit, on s’est liquéfiés. C’est dommage car nous nous retrouvons à 4-4 sur le plan comptable, avant trois matchs qui vont être très difficiles pour nous. Il faut arriver à élever notre niveau de jeu, individuellement d’abord. Il faudra répondre présent dès mardi à Evreux. »

Kevin Harley (arrière du PB86) : « On a manqué de lucidité sur deux ou trois actions et ça va vite derrière. On leur a donné le match. Les trois points, c’est notre force, mais on en abuse un peu. Normalement, on devrait mettre la balle à l’intérieur et ressortir derrière, plus driver aussi… Evreux, Châlons-Reims, Bourg ? Ce sont de bonnes équipes et nous ne devons avoir peur de personne. Maintenant, on est favoris pour les premières places. »

Laurence Ekerigin (intérieur du PB86) : « Nous avons très bien joué en défense dans les premiers quarts temps. Après, on a pris beaucoup de tirs extérieurs. On a joué comme si on était à moins trente, au lieu de moins un ou deux, comme c’était le cas. Cette fois-ci, on a perdu à cause de l’attaque. On ne prend que 63pts, mais nous n’arrivions pas à faire entrer le ballon dans le cercle. On est encore tôt dans la saison. Je ne vais pas rejeter la faute sur les joueurs extérieurs, mais je pense qu’il faut que nous trouvions une meilleure alchimie entre jeu intérieur et extérieur. Je reste convaincu qu’on est une très forte équipe. »

Antoine Michon (entraîneur d’Aix-Maurienne) : « Quand on est sur une bonne série, ça veut dire qu’il peut y en avoir une mauvaise derrière. La hiérarchie va se dessiner dans les dix-quinze prochains matchs. Quand on est à l’extérieur, on commence à avoir une belle assise défensive, un peu de dureté. On a une équipe avec un profil Pro B. j’avais dit aux joueurs que si nous arrivions à faire douter cette équipe de Poitiers, nous pourrions faire quelque chose ici. En revanche, en attaque, nous avons vraiment eu des lacunes. Poitiers s’est mis dans le doute. Maintenant, chacun aura sa période un peu difficile dans la saison. La Pro B a une grosse densité, chaque match est un combat. Je suis satisfait de la prestation défensive de l’équipe. Mais on a une marge… »

Photo François Pietrzack