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Roms : la mise au point de la préfète
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 22 octobre 2013Après l’évacuation du squat du plateau des Glières, ce matin, la préfète de la Vienne révèle que trois chefs de famille roms, leurs femmes et enfants devront quitter le territoire français d’ici un mois. Elisabeth Borne met aussi en garde « tous ceux qui instrumentalisent ces populations ». Entretien.
Le squat du plateau des Glières a été évacué ce matin dans le calme. Que vont devenir ses anciens occupants ?
«Tout le monde n’aura pas le même traitement. En application de la circulaire de juillet 2012, nous avons procédé à une évaluation du parcours migratoire des personnes, de leurs projets, de leur état de santé, ainsi que de la scolarisation des enfants. Nous sommes arrivés à des situations différentes, qui amènent à des réponses différentes.»
Concrètement, à combien de personnes avez-vous accordé un titre de séjour de trois mois ?
«Ce titre de séjour concerne la grand-mère de 46 ans, ses deux enfants mineurs, ainsi que sa fille majeure, elle-même maman de deux enfants et enceinte. Elles ont des motifs de santé, qui nous ont conduits à leur proposer un récépissé. Elles vont être installées dans un logement d’insertion, où nous mettrons en place un accompagnement social. A contrario, trois chefs de famille ont de nombreux problèmes avec la police ou la gendarmerie pour des vols. Cela ne témoigne pas d’un parcours d’insertion et nos concitoyens ne comprendraient pas qu’ils restent. Dans ces conditions, nous allons organiser un retour en Roumanie, d’ici un mois. Leurs familles sont concernées aussi.»
« Avec humanité et discrétion »
Avez-vous reçu des consignes spécifiques du ministère de l’Intérieur ?
« Le ministère nous a rappelé qu’il fallait être attentif à ne pas intervenir dans le cadre scolaire ou périscolaire. Je pense qu’il est important d’agir avec doigté et discrétion… »
L’ordre d’évacuation a été exécuté pendant les vacances de la Toussaint. Est-ce un hasard ?
«Nous avions un délai de quatre mois pour appliquer la décision de justice (Ndlr : 7 juin 2013). Nous avons considéré qu’il fallait prendre le temps pour préparer les choses. Aujourd’hui, tout le monde est hébergé à Poitiers.»
Avec l’affaire Léonarda, on oppose aujourd’hui humanité et fermeté. Où vous situez-vous ?
«J’applique la loi, tout simplement ! Des personnes ne l’ont pas respectée et l’occupation du squat était illégale. Tout cela s’est fait avec humanité. Je mets d’ailleurs en garde tous ceux qui instrumentalisent ces populations, pour des raisons que je ne décode pas.»
Les associations vous ont reproché de bâcler les évaluations…
« Je ne suis pas d’accord avec cela. On ne peut pas traiter de la même manière des personnes qui ont des problèmes de santé et d’autres qui ont des problèmes avec la police ou la gendarmerie. Il faut se garder de parler d’une population rom. Il est question d’individus qui ont des comportements plus ou moins adaptés pour s’intégrer en France. J’espère que les associations n’attendent pas de nous que nous criions sur les toits les résultats des évaluations. Ces gens ont droit à la discrétion. »
Le squat de L’Etape devrait être démantelé fin octobre. Quel diagnostic dressez-vous des populations qui y résident ?
« Je trouve assez irresponsable d’avoir installé, ici, des femmes avec enfants, qui côtoient des personnes ayant des problèmes de santé et bénéficient d’un titre de séjour pour se soigner. Ces personnes auraient tout à fait pu être logées ailleurs. »
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