Du sexisme ordinaire à l’égalité réelle

Depuis son arrivée au gouvernement, Najat Valaud-Belkacem tente de secouer le cocotier de l’égalité hommes-femmes sur tous les fronts. Mais les mentalités mettent davantage de temps à évoluer que n’importe quelle injonction législative. Exemples dans la Vienne.

Arnault Varanne

Le7.info

Et si le « poulegate » du 9 octobre dernier servait les desseins des femmes au-delà de leurs espérances ? Bien sûr, le machisme ordinaire s’exprime volontiers dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Mais de là à ce qu’un député UMP visiblement aviné -Philippe Le Ray- caquette en plein débat sur la réforme des retraites, raillant de manière outrancière Véronique Massonneau, c’est de l’inédit. La députée Europe-Ecologie Les Verts se serait sans doute bien passée de cette publicité autour de son nom. Mais, à la veille du vote du texte sur l’égalité hommes-femmes, et au lendemain de la semaine de l’égalité professionnelle, le coup de projecteur ne manque pas d’intérêt.

Pour l’autre députée de la Vienne, Catherine Coutelle, la conquête de cette sacro-sainte égalité se niche autant dans les détails de la vie quotidienne que dans des réformes de plus grande ampleur. « La clé, c’est qu’une femme puisse s’assumer financièrement, donc mener de front carrière professionnelle et vie familiale. » Sur cette thématique essentielle, les écarts de salaire -jusqu’à 15% dans la Fonction publique- et l’accès inégal aux fonctions dirigeantes dans l’entreprise sautent aux yeux. En politique peut-être plus qu’ailleurs, « les hommes ont peur de perdre le dernier lieu de pouvoir », persifle la présidente de la Délégation aux droits des femmes à l’Assemblée.

« Pas que le 8 mars »

Et dans l’entreprise ? Force est de constater que les mœurs évoluent à la vitesse d’un escargot. « 30% de femmes seulement créent des entreprises », déplore Monique Pizzini, déléguée aux Droits des femmes dans la région. Comme s’il existait « une forme d’autocensure » chez ces dames. Comme si elles « n’osaient pas franchir le pas », à cause de schémas traditionnels solidement ancrés. Où l’on revient aux remarques sexistes, dont la récurrence a créé une forme de normalité relationnelle.

« Hélas, les choses ne sont pas naturelles pour les femmes », regrette Brigitte Audy. « Citoyenne engagée », la directrice Sud-Ouest d’Orange joue en quelque sorte le rôle d’aiguillon au sein du groupe de télécommunications. Elle a créé le réseau 50/50, qui soutient l’égalité professionnelle dans les régions Poitou-Charentes, Aquitaine et Limousin. Fort de cent quatre-vingts membres -surtout des femmes au passage-, 50/50 agit, entre autres, pour casser les représentations sur les métiers. Des collégiennes découvrent, par exemple, des jobs qu’elles jugent a priori dévolus aux hommes. Mais la cadre dirigeante sait que le chemin vers l’égalité est semé d’embûches et de résistances. « La journée de la femme, ce n’est pas que le 8 mars ! Et puis, je ne veux pas que ça se transforme en lutte des classes. » C’est l’histoire de la poule et des « eux »…
 

Poitiers « à part égale »

Le 25 novembre, la comédienne Chloé Martin jouera son spectacle intitulé « La part égale », devant cent cinquante élèves des lycées Louis-Armand et Auguste Perret. Une initiative à mettre au crédit de la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité, en partenariat avec d’autres acteurs publics. Seule en scène, Chloé Martin démonte les préjugés et le sexisme avec beaucoup d’humour. A signaler qu’une autre manifestation sur la thématique de l’égalité homme-femme se déroulera à Poitiers, le 23 novembre. Cette journée consacrée aux « violences faites aux femmes » aura lieu à la présidence de l’Université, dans le centre-ville. Fonctionnaires territoriaux, chefs d’entreprise… sont conviés aux débats. Plus d’infos au 05 49 55 70 29.

 

 

 

 

 

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