Identitaires lorgnent Municipales

Un an après son coup d’éclat à la mosquée de Poitiers, Génération identitaire refait parler de lui. Le groupuscule d’extrême droite souhaite « s’enraciner » dans la capitale régionale, dans l’optique de placer des candidats aux Municipales. Les observateurs sont dubitatifs.

Arnault Varanne

Le7.info

20 octobre 2012-19 octobre 2013. La date n’a évidemment pas été choisie par hasard. Il y a un an, presque jour pour jour, une soixantaine de militants du mouvement Génération Identitaire envahissaient la mosquée de Poitiers. Du haut de l’édifice, ils déployaient une banderole au caractère explicite, avec une référence à « 732 » et une demande de référendum. Effet médiatique immédiat et condamnation unanime. Un an après, « ils reviennent », mais de manière plus discrète, avec juste quelques messages sur Twitter… Le groupuscule ferait-il profil bas ? « Ici, nous avons entre soixante et soixante-dix militants, qui nous ont demandé de créer un groupe », commente Damien Rieu, l’un des auteurs du fait d’arme d’octobre 2012 (*). En réalité, ils seraient moins d'une trentaine.

Comme dans une quinzaine d’autres villes, dont Clermont-Ferrand récemment, Génération Identitaire tente « d’imposer ses idées » aux partis politiques traditionnels. «Nous sommes en phase avec l’opinion, qui refuse l’islamisation du pays», poursuit le militant lyonnais. Il invite carrément « les musulmans à retourner en terres d’Islam ». «Mais nous avons aussi d’autres propositions sur l’écologie, la démocratie locale…» « GI » se revendique comme le premier mouvement de jeunes en France, devant le Front national jeunesse. Nous y voilà. Le groupuscule lorgne sans états d’âme les Municipales et Européennes de 2014. « Nous ferons passer autant de messages qu’il le faut… »

« Demander à Paris »

Le mouvement aimerait intégrer ses militants sur des listes de droite dans des villes… comme Poitiers. D’où cette main tendue au FN, qui la refuse. Pour le moment. « A Poitiers (53 noms) et Châtellerault (39), ce n’est tout de même pas facile de réunir autant d’hommes que de femmes », tempère Eric Audebert. Le patron du FN dans la Vienne se garde bien d’ouvrir la porte aux Identitaires car il devra d’abord « demander à Paris ». Dominique Breillat, lui, ne croit pas à la percée de l’extrême droite dans la capitale régionale. « La sociologie de Poitiers n’est pas tournée vers ce type de courant », estime le politologue.

« Les Municipales sont considérées comme des élections à enjeu et les électeurs préfèrent voter pour des candidats qu’ils connaissent », poursuit le professeur de l’université de Poitiers. Autant dire que Génération Identitaire aura du mal à séduire au-delà de son cercle de sympathisants. Ce que Louise Demory, 29 ans, militante parisienne et présente le week-end dernier dans la Vienne, réfute. « Poitiers est un symbole à bien des égards. On ne s’interdit rien ici… »

(*) Malgré nos demandes, les cadres de Génération Identitaire n’ont pas souhaité que des militants poitevins s’expriment dans nos colonnes.

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