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Ces Roms qui veulent s'intégrer
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 07 octobre 2013On ne laisse pas souvent la parole aux Roms. Le « 7 » est allé à la rencontre de ceux qui travaillent à Poitiers depuis longtemps, et d'autres, arrivés plus récemment, qui vivent dans le froid d'un squat humide. Leur point commun : une très forte envie de s'intégrer.
Un large panneau barre l'accès du 26, avenue du Plateau des Glières, à Poitiers. Logiparc s'apprête à démolir deux maisons. Propriétaire du terrain, le bailleur social est dans son droit. Il a prévu un programme de logements à loyers modérés, qui profitera à des dizaines de familles en galère. Mais sauront-elles que vingt-trois personnes, dont treize enfants, habitaient là avant elles ? Ils sont Roumains, issus de la culture Rom, et vivent sans eau chaude, ni électricité depuis début août. Après cinq années passées en Italie, près de Naples, à cueillir des fruits contre un revenu ridicule, ils ont choisi la France.
A la mort du patriarche en 2005, cette famille, rassemblée autour de la grand-mère Esperanza, a dû se résoudre à quitter la Roumanie. La vie y était chère et ils étaient considérés comme des parias. « Notre priorité est de mettre nos enfants à l'école afin qu'ils aient plus de chance que nous », raconte, dans un français correct, la troisième fille, Cerasela, 19 ans. Depuis septembre, pas un ne manque à l'appel de l'école primaire voisine. « Et ils ont pleuré le jour de la rentrée, comme les petits Français », sourit la maman. Rada est allée à la première réunion de parents d'élèves la semaine dernière. Même Victor, l’aîné de 16 ans, se lève aux aurores. Chaque jour, il traverse la ville en bus jusqu'au collège Jean-Moulin, à Beaulieu.
Dans leur squat ouvert aux quatre vents, les jeunes femmes gardent le sourire. Elles continuent d’espérer des jours meilleurs, malgré la menace d'expulsion. « Le tribunal leur a donné jusqu'au 13 octobre. Le diagnostic social, obligatoire depuis 2012, a été baclé. On ne leur a proposé aucune solution », déplore Mélanie, du collectif Romeurope, qui leur sert d'intermédiaire avec les autorités. Les hommes gagnent quelques euros dans le négoce de ferraille. Les Restos du coeur et une aide sociale d'environ 1 000€ leur permettent de survivre. Restée dans le couloir jusque-là, Esperanza, pénètre dans la chambre au bord des larmes : « Si on pouvait avoir un logement et un peu de chaleur, on travaillerait jour et nuit, je vous assure. » Ses filles traduisent et tentent de la calmer. Trop fière, cette famille ne fait pas la manche et n'acceptera pas un hébergement d'urgence dans un gymnase.
Rom autoentrepreneur
Sans logement, pas d'intégration possible. Les trois squats de la ville abritent les trois-quarts des Roms de Poitiers. Surtout les nouveaux venus. Sur deux cents ressortissants, cinq familles, arrivées dès 2007, ont bénéficié d'un soutien pour obtenir un appartement et du travail. Parmi elles, Marcel et Raella n'échangeraient leur place pour rien au monde. La vie est dure, mais leurs cinq enfants sont scolarisés. Depuis janvier, la Caf ne leur verse plus d'aide au logement, Pôle emploi ne les accompagne plus... Peu importe ! Marcel a créé une auto-entreprise. Il retape des voitures qu'il revend à un meilleur prix. Son épouse, elle, fait les marchés avec son stand de vêtements. Dans le quartier, les voisins les adorent. Et c'est réciproque. Claire vient jouer avec les enfants dès qu'elle a un moment. Une panne de voiture ? Marcel est toujours prêt à jeter un oeil. Le trésorier de l'association Divano, créée à Poitiers par des Roms, rigole quand on évoque l'image de ses compatriotes en France. Non, les Roms ne sont pas des voleurs de poules. Il s'attelle tous les jours à le démontrer.
Le 17 octobre, l'association Divano ne portera jamais aussi bien son nom. En Romani, la langue parlée par les Roms, ce terme signifie « échange ». Ses membres, pour moitié des Roumains partageant cette culture, invitent le grand public à découvrir la cuisine, la danse, la musique Rom pendant une soirée festive, au centre socioculturel des Trois-Cités (place de France), à partir de 19h. Ce sera l'occasion aussi de démonter quelques idées reçues. L'ignorance est souvent à l'origine de la peur.
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