Ils sont sans défense

Le PB86 s’est incliné, hier à Saint-Eloi, à l’issue d’un long marathon offensif remporté par le leader Fos-sur-Mer. Trop permissifs en défense, les Poitevins ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Arnault Varanne

Le7.info

Cettte saison, le PB devra s’habituer à un accueil musclé dans toutes les salles de Pro B. Son statut d’ex-équipe de Pro A assure à ses adversaires un surcroît de motivation, qui ne colle pas forcément avec les nouvelles ambitions poitevines. Souchu et sa bande s’en sont aperçus au Portel. Le hic, c’est qu’ills doivent aussi s’attendre à souffrir à la maison, s’ils continuent à ne se soucier que de leur seul rendement offensif. Difficile de dire que Fos-sur-Mer a braqué Saint-Eloi hier soir –avec seulement 1960 supporters-, tant les cerbères « maison » se sont montrés conciliants avec leur invité du jour.

Dans un match hyper offensif, le PB86 a, en fait, surfé pendant quarante-cinq minutes sur son adresse phénoménale à longue distance : 17/31 derrière l’arc, avec une mention spéciale à Karim Souchu, auteur de 6/8 dans l’exercice. Ces missiles venus d’ailleurs auraient pu, auraient dû assurer au PB sa deuxième victoire de la saison. Dès le premier quart, les hommes de Rémi Giuitta ont frôlé le point de rupture (13-23, 8e), bien en place à l’intérieur mais sonnés par les coups répétés des pistoleros locaux. Seulement voilà, ce joli tableau offensif, agréable aux yeux, n’a pas duré. Et, du coup, les Théo Léon et autre Edouard Choquet ont commencé à sortir de leur boîte. L’ex-meneur de poche de l’Asvel s’est empiffré de rebonds (8rbds), d’interceptions (4) et de passes décisives (11). Son alter ego de la traction arrière a, lui, gavé ses intérieurs de bons ballons (12pds), avant de porter l’estocade aux lancers francs en prolongations. Choquet a inscrit les quatre derniers points de sa formation, scellant un succès historique des Provençaux en terres viennoises.

L’autre Badiane au zénith

Et pourtant, Ingram et les siens ont eu les cartes en mains. D’abord dans le troisième quart, après un triplé de Souchu bonifié par un lancer (56-49, 26e). Une embellie de façade, avant un tsunami nommé Badiane, Moussa de son prénom (15pts, 9rbds). Epaulé par son compère Sherman Gay, le frangin de Pape a fait un chantier pas possible dans la raquette poitevine. Résultat, cinquante-six points encaissés à l’intérieur et une furieuse impression d’un manque d’investissement. Paradoxalement, Poitiers dans son ensemble et Ekperigin en particulier (13 prises) ont dominé la bataille du rebond. Alors oui, le PB aurait encore pu gagner ce match, même avec « une défense de benjamins » (Nelhomme). Ingram, si lucide d’ordinaire, s’est lui aussi laissé aveugler par sa réussite, déclenchant un peu tôt à 81-78 et une minute à jouer. Et que dire de ce tir « de la gagne » un peu court signé Souchu !

Las… On ne refait pas l’histoire et la prolongation n’a fait qu’entériner la mainmise des Provençaux sur ce duel en haute altitude. Des Provençaux qui ont su alterner jeux intérieur et extérieur, contrairement à leurs hôtes. Sûr qu’avec quatre-vingt-dix-huit points encaissés, le PB86 ne remportera pas beaucoup de matchs à la maison. Il faudra rectifier le tir dès mardi face à Boulazac. Certes, le championnat est long, mais le relégué de Pro A ne dispose actuellement d’aucune marge de manœuvre sur ses adversaires. Comble de malheur, il devra, en outre, composer avec l'absence d'Arnauld Thinon, victime d’une entorse de la cheville en début du deuxième quart. Quand ça ne veut pas...

La fiche
A Poitiers, Fos/Mer bat Poitiers Basket 86 98-94 a.p. Mi-temps : 38-42. Evolution du score : 19-26, 38-42, 61-62, 81-81, 98-94. Arbitrage de MM. Périer et Acheen. 1960 spectateurs.

La marque
POITIERS
Thinon (6), Harley (2), Fisher (11), Ingram (22), Mendy (10), Ekperigin (15), Souchu (21), Guillard (7), Fall, Diagne, Joumard, Joseph. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
FOS
?Davis (7), Gay (21), Badiane (17), Choquet (20), Léon (13), Ateba (9), Dia (8), Cingala-Mata (1), Ramassamy (2). Entraîneur : Rémi Giuitta.

Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « On ne va pas faire beaucoup d’analyse. Ce soir, nous n’avons pas eu le niveau défensif qu’il faut si on veut jouer le haut de tableau de la Pro B. Nous sommes trop permissifs, nous prenons trop de points. C’est quelque chose qui est déjà apparu sur le match du Portel, en deuxième mi-temps. On a beau dire ce qu’on veut, il faut que nous soyons beaucoup plus durs défensivement. On doit faire moins d’erreurs de benjamins. Sur certaines actions, on aurait mis des benjamins ou des minimes sur le terrain, ça aurait été pareil. Il faudra dès mardi élever notre niveau défensif face à Boulazac. Peut-être qu’aujourd’hui, on abuse un peu du tir à trois points, mais quand on fait un match à 55%... Maintenant, je le répète, le problème est avant tout défensif. »

Karim Souchu (ailier du PB86) : « On perd exactement sur les points que nous avions travaillés, c’est à dire le jeu rapide de Fos. On a quand même le shoot pour gagner mais, en termes de fraicheur, nous étions moins bien qu’eux dans la prolongation. En même temps, en prenant 98pts en défense, c’est dur de gagner des matchs… On n’a pas assez protégé assez la raquette, c’est ce qui nous a manqués. Il faut maintenant rebondir sur un autre gros match, dès mardi. »

Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « On est chez nous et on se doit de gagner. Ils ont fait un match offensivement… ou nous défensivement très mauvais. En attaque, il faut qu’on arrive à alterner, c’est sûr. On est adroits, avec une équipe de shooteurs, mais il faut trouver un juste équilibre entre jeu intérieur et jeu extérieur. Maintenant, le problème n’est pas offensif, mais défensif. »

Rémi Giuitta (entraîneur de Fos) :
« On a joué les yeux dans les yeux avec cette équipe de Poitiers. Nous savions que ça allait être difficile de rivaliser. Il fallait être capable de faire le dos rond sur certaines séquences. J’avais pointé leur adresse, qui avait été impressionnante sur la prépa et les premiers matchs. L’objectif, c’était de les laisser à moins de dix paniers à trois points, ils en mettent quand même dix-sept… Dans un contexte comme cela, peu d’équipes auraient été capables de venir gagner ici. Je suis très fier de mes joueurs, qui n’ont jamais lâché. On n’a pas douté, malgré les petits éclats. On a une confiance collective qui fait plaisir à voir. »

© François Pietrzak
 

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