Le théâtre vendu dans un silence… pesant

La cession du théâtre de Poitiers a été votée ce soir, lors du conseil municipal. Les débats se sont déroulés dans le calme, puisque les membres du collectif de défense de l’ancien ont manifesté... bâillonnés.

Florie Doublet

Le7.info

Les membres du collectif de défense de l’ancien théâtre se sont déplacés en nombre au conseil municipal de ce soir. Ils s’opposent à la cession du monument à un opérateur privé. En signe de protestation, les cent cinquante manifestants présents portaient des baillons noirs sur le visage. « Nous voulons montrer votre refus de prendre en compte nos propositions, a affirmé Maryse Desbourdes (NPA). Depuis février, vous n’acceptez aucune concertation, aucun entretien, aucune discussion. Vous n’entendez pas la parole citoyenne. » L’élue de l’opposition a poursuivi son discours en invectivant le maire : « Vous ne pouvez ignorer la mobilisation contre cette vente, la plus importante mobilisation pendant votre mandat, à la fois en nombre et dans la durée. Avez-vous pris conscience que votre décision influencera nombre de Poitevins sur leurs choix aux élections municipales ? » Cette déclaration a été longuement applaudie.

Le point de friction le plus important porte sur le prix de vente de l’ancien théâtre. La Ville le cède pour 510 000 euros, « 
un prix 20% supérieur à l’estimation de France Domaine », rappelle Bernard Cornu, adjoint délégué à l’Urbanisme. « Aucun conseiller municipal de cette assemblée ne vendrait l'un de ses propres biens à ce prix, affirme Maxime Huille (Indépendants et Démocrates). L’avis de France Domaine est consultatif, il indique un prix plancher, mais la collectivité est libre de fixer une valeur de cession bien plus haute pour un édifice avec un tel potentiel et si bien situé, en plein centre du cœur d’agglo. »

Bien évidemment, le groupe Europe Ecologie-Les Verts ne s’est pas privé d'exprimer son opinion. Christiane Fraysse, future adversaire d’Alain Claeys aux prochaines élections municipales, était agacée. « On sacrifie un bijou de notre ville, on abandonne un bijou de l’ère culturelle et patrimoniale des années 50 pour succomber aux sirènes du commerce et du logement privé à fort rendement. »

Les déclarations d’élus appelant le maire à changer son fusil d’épaule se sont succédé pendant plus d’une heure et demie. Peine perdue ! La cession du théâtre a été votée à 37 voix « pour », 9 « contre » et 5 absentions.  A peine cette délibération était-elle entérinée que les manifestants avaient retrouvé la parole. Ils ont quitté la salle des Echevins en huant le maire et ses adjoints.

 

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