Hier
Rien de tel que les Journées du patrimoine pour découvrir un château. A fortiori lorsque celui-ci est hanté. Récit d’une soirée et d’une nuit effrayantes à Fougeret, sur la commune de Queaux.
Dimanche 15 septembre. Il fait froid. De gros nuages encombrent le ciel. L’ambiance est glauque à souhait. Le château de Fougeret, situé à Queaux, se dresse devant moi. La vieille bâtisse du XIVe siècle semble crouler sous le poids des années. A l’intérieur, le papier peint est décrépit, la parquet craque au moindre mouvement et des fissures lézardent les murs. Dans le salon, un feu de cheminée réchauffe l’atmosphère. Des notes de piano s’échappent de la pièce voisine. Je n’en mène pas large. D’après les propriétaires, Véronique et François-Joseph Geffroy, une dizaine d’esprits hanteraient la demeure… Les maîtres des lieux ont acheté ce château en 2009, sur un coup de tête. « Je suis tombée en admiration devant le style néogothique. Cette sophistication m’a immédiatement séduite », explique Véronique. La châtelaine, foulard autour du cou et veste en cuir sur le dos, semble prendre un malin plaisir à effrayer ses convives. Elle raconte que des « entités » sèment la zizanie dans les chambres du second étage. Ceux qui y dorment entendent des murmures, des gémissements. Parfois même, un corps sans vie se penche sur les lits. Ces manifestations paranormales ont contraint la famille Geffroy à tirer un trait sur ses rêves. « Hors de question d’y habiter ! Nous avons même songé à le vendre. Mais qui voudrait d’un château hanté ? »
Félix se rebiffe
Accompagnée de deux amies, je monte les escaliers menant aux chambres. En approchant celle d’Alice, je me sens défaillir. Un profond malaise m’envahit. Je m’évanouis. Enlacée dans les bras réconfortants de Pauline, je reprends mon souffle. « Ce n’est pas étonnant, vous avez sensiblement le même âge qu’Alice, explique Véronique. Elle est morte à 22 ans d’une maladie des reins. De nombreuses jeunes femmes se sentent mal dans cette pièce. » Pour la cartésienne que je suis, difficile d’avaler ces paroles. Mais un autre moment fort va bousculer mes certitudes…
Le soir venu, nous nous réunissons autour de la table du salon pour assister à une séance de médiumnité. Nadège, la voyante, invoque l’esprit de Félix, ancien propriétaire, décédé en 1898. Tout à coup, un frisson parcourt mon corps , alors que les flammes crépitent dans la cheminée. Je claque des dents. Félix semble avoir pris possession de Nadège, la médium… Timidement, j’interroge le fantôme : « Aimez-vous parler avec les vivants ? » « Vous manquez de sincérité », lâche-t-il en guise de réponse. Interloquée, je rétorque : « Je fais simplement preuve de politesse avec les gens ». « La politesse je m’assois dessus ! » Félix se fâche. Je n’ose plus ouvrir la bouche. Après une demi-heure de discussion, Nadège reprend « vie » et dit avoir tout oublié…
Harassée, je m’endors rapidement dans la « chambre de l’huissier » (Lire encadré). Mais, à 4h du matin, j’entends des bruits de pas dans le couloir. Je tente de me rassurer : « Ce n’est que le fruit de ton imagination. » Pourtant, le lendemain, tous les convives m’assurent qu’ils ne sont pas sortis de leur lit. Quelle angoisse ! Je m’échappe de cet endroit en vitesse. Heureuse de m’en être sortie indemne…
La chambre dite de « l'huissier » est en fait celle de Louis Taveau, l'un des propriétaires du Château de Fougeret. Avant de découvrir l'existence de ce personnage, les propriétaires ont fait appel à une médium pour comprendre l'histoire de cette pièce. « Apparemment, un homme très hargneux, près de ces sous et procédurier y aurait vécu », explique Véronique. En fouillant dans des archives, elle est tombée sur ce fameux Louis Taveau qui a intenté vingt-huit procès en 27 ans… « Un jour, un huissier trop pressant est venu lui réclamer des sous. Louis l'a tué sans ménagement ». Mystère résolu !
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