Civaux, entre mythe et réalité

Comme en 2008, la centrale nucléaire de Civaux ouvre ses portes dimanche, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Les derniers incidents recensés sur le site et largement médiatisés ne semblent pas refroidir l’enthousiasme des visiteurs.

Arnault Varanne

Le7.info

Les dirigeants d’EDF le répètent à l’envi : aucune autre industrie au monde n’est plus contrôlée que le nucléaire. Entre la très intransigeante Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la plus mesurée Commission locale d’information (CLI), la centrale de Civaux jouit d’une marge de manoeuvre très réduite. « Nous prenons en considération l’ensemble des questions qui nous sont posées ou des remarques formulées (…) pour améliorer sans cesse la sûreté de nos installations », fait remarquer la direction du centre nucléaire de production d'électricité (CNPE).
Entre la fuite de tritium dans les eaux souterraines, en janvier 2012, la polémique autour des mesures du débit de la Vienne, à l’été de la même année, et le flash de radioactivité en juin 2013, Civaux sort de dix-huit mois « compliqués ». Les propos tenus, en mai dernier, par Anne- Cécile Rigail, directrice Sud-Ouest de l’ASN, sur une prétendue « souplesse » dans l’application des règles de sécurité, n’avaient pas contribué à apaiser le climat.
Depuis, les choses sont, semble-t-il, rentrées dans l’ordre. D’ailleurs, ni la centrale ni la Commission locale d’information de Civaux ne sont envahies d’appels ou de courriels, après chaque incident. Quatre coups de fil en 2013, dont l’un émanant d’un routier en transit sur l’A10 dans la Vienne. Et un autre d’un habitant soucieux de savoir s’il pouvait donner de l’eau du robinet à son chien… Son de cloche identique auprès de la Commission locale d’information
de Civaux, dont le rôle consiste à faire l’interface entre EDF et le grand public. « Je crois qu’il existe une voie médiane entre l’émotionnel et l’indifférence : le rationnel », indique avec philosophie Roger Gil, président délégué de l’institution paritaire. Qui ajoute que « sa » Commission agit « en toute transparence ».

Une marque de confiance

À proximité de la centrale, le fantasme d’un incident majeur ne hante pas non plus les riverains. Parmi les 5 000 visiteurs annuels du site, ils forment 20% du contingent. En mai dernier, salariés du site et Civaliens se sont même réunis autour de la Fête des voisins ! « Vous savez, ajoute la direction, 60% des salariés habitent dans un rayon de 10 km, avec conjoints et enfants. C’est une marque de confiance dans la sûreté de la centrale… » Des salariés qui seront sur le pont dimanche, lors des Journées européennes du patrimoine. Les quatre visites programmées affichent complet. Seules deux conférences, à 11h et 15h, restent accessibles. De quoi accréditer la thèse d’un intérêt du grand public pour la centrale. Une nouvelle surprenante, à l’ère de la suspicion permanente, corollaire du drame de Fukushima.

« Vivre près d’une centrale nucléaire », plus d’infos sur le site www.cli-civaux.fr

Les anti maintiennent la pression

Trois associations siègent au sein de la CLI : Vienne Nature, l’UFC-Que Choisir et l’Aceve. Autant de voix qui expriment leur sensibilité vis-à-vis de la gestion de la centrale de Civaux. « Je crois que notre vigilance permet d’obtenir des infos plus rapidement et peut-être une plus grande transparence », admet Roland Caigneaux, de Vienne Nature. Le bénévole cite volontiers la divulgation du Plan particulier d’information (PPI) par les services de la préfecture. « Sans nous, les citoyens l’auraient attendue longtemps ! » Au-delà, Vienne Nature comme les autres associations de défense de l’environnement se battent pour que le niveau de sous-traitance -« jusqu’à sept aujourd’hui »- redescende à des normes acceptables. A signaler qu’une plainte, déposée par les trois associations locales, France Nature Environnement et Sortir du nucléaire, est toujours en cours d’instruction au parquet de Poitiers, après la fuite de tritium de janvier 2012. « Nous espérons qu’EDF sera condamnée, pour le principe… »

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