Hier
Lire, c’est prendre le pouvoir
Le Regard de la semaine est signé Jean-Luc Terradillos.
Sur le papier, le projet recueille un maximum de suffrages. Proposer un point d’accès à Internet, sur la place publique de Poitiers, rien de plus logique pour une ville en voie d’ouverture sur le numérique. Dès la mi-septembre, vous pourrez ainsi vous connecter gratuitement à partir de l’une des vingt-cinq bornes Wifi implantées à proximité des places Leclerc et De Gaulle, du Jardin des Droits de l’Homme, du parvis du Tap, du square Magenta, des jardins de Puygarreau, ou encore de la médiathèque François-Mitterrand. « Ce service sera proposé aux habitants et visiteurs disposant d’un appareil numérique », précise Grand Poitiers. Un système d’authentification, via un portail générique, permettra d’organiser les flux de connexion.
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si cet investissement -entre 30 000 et 50 000€- ne présentait pas… une source de pollution supplémentaire. Une pollution aux ondes électromagnétiques dénoncée par le collectif « Oui au filaire, non au Wifi au coeur de ville ». Ce groupe s’est constitué en juin dernier pour lutter contre l’installation des bornes dans le centre-ville et, le cas échéant, mesurer l’exposition des riverains aux ondes. Une dizaine de membres préparent, pour la rentrée, diverses actions de communication, dans l’objectif de faire renoncer la municipalité.
Maguy Barriquault en fait partie. En 2009, les médecins ont décelé chez elle une tumeur cérébrale logée sur le nerf vestibulaire. « Deux éminents professeurs ont attribué ma maladie, rare à l’époque, aux ondes émises par les antennes relais », explique la Poitevine de 44 ans. Depuis, elle éteint son téléphone portable le plus souvent possible, utilise Internet via la fibre optique et prévient ses proches des « dangers sanitaires encourus ».
Sur le sujet, les experts eux-mêmes sont divisés. Au coeur de ce débat d’idées sur la nocivité des ondes, la collectivité assure qu’« un dispositif optimal pour la sécurité sanitaire des Poitevins a été mis en place(*) ». Reste à savoir si la population est du même avis.
(*) 61 V/m (volt par mètre) est la valeur limite d’exposition du public définie par la recommandation européenne du 12 juillet 1999. A Poitiers, l’émission avoisinerait 1 V/m.
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