Les ondes font des vagues

À partir du 15 septembre, l’accès à Internet dans le centre-ville va se généraliser. La Ville a prévu d’implanter vingt-cinq bornes Wifi autour de la place d’Armes et dans différents lieux du plateau. Ce qui soulève quelques inquiétudes…

Florie Doublet

Le7.info

Sur le papier, le projet recueille un maximum de suffrages. Proposer un point d’accès à Internet, sur la place publique de Poitiers, rien de plus logique pour une ville en voie d’ouverture sur le numérique. Dès la mi-septembre, vous pourrez ainsi vous connecter gratuitement à partir de l’une des vingt-cinq bornes Wifi implantées à proximité des places Leclerc et De Gaulle, du Jardin des Droits de l’Homme, du parvis du Tap, du square Magenta, des jardins de Puygarreau, ou encore de la médiathèque François-Mitterrand. « Ce service sera proposé aux habitants et visiteurs disposant d’un appareil numérique », précise Grand Poitiers. Un système d’authentification, via un portail générique, permettra d’organiser les flux de connexion.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si cet investissement -entre 30 000 et 50 000€- ne présentait pas… une source de pollution supplémentaire. Une pollution aux ondes électromagnétiques dénoncée par le collectif « Oui au filaire, non au Wifi au coeur de ville ». Ce groupe s’est constitué en juin dernier pour lutter contre l’installation des bornes dans le centre-ville et, le cas échéant, mesurer l’exposition des riverains aux ondes. Une dizaine de membres préparent, pour la rentrée, diverses actions de communication, dans l’objectif de faire renoncer la municipalité.

Maguy Barriquault en fait partie. En 2009, les médecins ont décelé chez elle une tumeur cérébrale logée sur le nerf vestibulaire. « Deux éminents professeurs ont attribué ma maladie, rare à l’époque, aux ondes émises par les antennes relais », explique la Poitevine de 44 ans. Depuis, elle éteint son téléphone portable le plus souvent possible, utilise Internet via la fibre optique et prévient ses proches des « dangers sanitaires encourus ».
Sur le sujet, les experts eux-mêmes sont divisés. Au coeur de ce débat d’idées sur la nocivité des ondes, la collectivité assure qu’« un dispositif optimal pour la sécurité sanitaire des Poitevins a été mis en place(*) ». Reste à savoir si la population est du même avis.

(*) 61 V/m (volt par mètre) est la valeur limite d’exposition du public définie par la recommandation européenne du 12 juillet 1999. A Poitiers, l’émission avoisinerait 1 V/m.
 

Huille propose

Conseiller municipal Europe-Ecologie-Les Verts, Maxime Huille milite pour que Grand Poitiers adopte une offre de connexion à Internet avec le réseau de fibre optique. « A défaut, j’aimerais que la collectivité installe du mobilier urbain pour protéger les zones corporelles des rayonnements », explique le professeur agrégé de biologie. Même s’il reconnaît qu’il existe « une controverse autour des conséquences des ondes électromagnétiques sur la santé », Maxime Huille n’en démord pas : « Ce qui est clair, c’est que les enfants, les ados et les personnes âgées sont les plus sensibles… » Selon lui, entre 3 et 10% de la population serait électro-sensible.
Yeganefar rassure

Nima Yeganefar alimente un blog(*) pour « défendre la méthode scientifique et lutter contre les croyances en tous genres ». Le maître de conférences en informatique industrielle à l’Université de Poitiers admet que les électro-sensibles « souffrent réellement », mais estime que « ces troubles ne sont pas issus des ondes, mais de la peur qu’elles engendrent ». Le bloggeur cite les habitants d’un quartier de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) qui se plaignaient de maux de tête et de nausées. Ils accusaient alors une antenne relais récemment installée. Problème : elle n’avait pas encore été activée...
(*) blogs.univ-poitiers.fr/n-yeganefar

À lire aussi ...