Des logements épurés et spacieux aux Montgorges

L'éminent architecte français Paul Chemetov est en charge de la conception des plans des futurs maisons individuelles et immeubles de la zone des Montgorges. Il revendique le droit à un HLM spacieux et bien conçu.

Pierre après pierre, l'éco-quartier des Montgorges, à Poitiers, prend vie. En début d'année, les premiers habitants ont pris possession de leur logement. D'ici à l'été 2015, deux autres îlots -soit cent quarante appartements ou maisons individuelles- sortiront de terre. Le promoteur, Cirmad, a décidé de collaborer avec l'architecte français Paul Chemetov. En cinquante ans de carrière, il a notamment réalisé la grande galerie du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et le ministère des Finances de Bercy. Sa vision du logement social est claire : « Un logement doit être habitable. Aujourd'hui, les gens vivent dans de tout petits appartements sans espace. Il font la cuisine dans le salon ! Ce n'est pas vivable. »

Vous l'aurez compris, les logements élaborés par Chemetov seront d'une taille « respectable ». D'après les plans, on trouvera, dans un T3, deux chambres de 14m2 et 11m2, un séjour de 23m2, une cuisine de 8m2 et, cerise sur le gâteau, une buanderie de 5m2. « Il faut offrir des placards, du rangements aux familles. Et surtout, leur laisser la possibilité de ''créer'' leur habitat, explique l'éminent architecte. Ils doivent pouvoir meubler leur intérieur comme ils le souhaitent et ne pas se soucier de la taille de leur lit. Une chambre n'est pas une cellule monacale. »

Nos chers voisins

Paul Chemetov a cependant bien mesuré l'importance de construire des logements dont le loyer soit accessible aux ménages les plus précaires. Ainsi, les locataires devront se contenter d'une petite parcelle de terrain. Et ils auront sans doute la joie de faire connaissance très rapidement avec leurs voisins, puisque les pavillons ne sont séparés que de quelques mètres. « Si vous avez les moyens de vous payer un terrain de 5 000m2 et d'éviter ainsi le vis-à-vis, n'hésitez pas, faites-le. Sinon, il faut savoir faire quelques concessions. »

Au-delà de la simple considération économique, l'architecte souhaite délivrer sa propre vision de la vie d'un quartier. « Nos voisins ne sont pas nos ennemis, sourit-il. On ne va pas se cacher dans un bunker avec un champs de tir ! »

S'agissant de l'aspect esthétique de ces bâtiments, Paul Chemetov mise sur un design « intemporel ». Il regrette que certains architectes, mû par une créativité excessive, construisent des immeubles aux façades tapageuses et excentriques. « Croyez-moi, je suis tout à fait capable de réaliser des figures architecturales acrobatiques, assume-t-il. Un bâtiment doit s'installer dans le temps et de pas avoir l'air d'un curiosité dans quelques décennies. On ne va pas poser sur le porte-manteau des gens des costumes de carnaval. » Une chose est sûre, l’architecte de 84 ans a le sens de la formule.