Hier
Eric Duboc. 52 ans. Député de la Vienne entre 93 et 97. Revient « aux affaires » après une parenthèse biarrote de quinze ans dans le prêt-à-porter. Le futur adversaire d’Alain Claeys aux municipales de Poitiers croit en sa bonne étoile. Et promeut « l’alternance tranquille ».
Avec le temps, on avait fini par l’oublier. Par effacer de notre mémoire vive son passage express à l’Assemblée Nationale, au milieu des années 90. Quatre « piges » comme député de la Vienne, à même pas 32 ans, ça vous forge une expérience incroyable. Pour le tombeur de Jacques Santrot, cette parenthèse enchantée fut « l’équivalent d’une vie entière ». Des ors de la République -proche des ministres Hervé de Charrette et François Léotard- à « l’horrible » souvenir de la dissolution de 97, Eric Duboc regarde dans le rétro avec une envie palpable. La même envie qui pousse l’ex-parlementaire UDF à partir à l’assaut de l’Hôtel de Ville de Poitiers.
Depuis trois décennies, la forteresse socialiste est inaccessible à l’opposition. Il veut croire que « le moment est venu ». « Sans esprit de revanche, je vous l’assure. » Son slogan de campagne, semblable au titre d’un livre de Lionel Stoléru, emprunte au vocable de la droite et de la gauche réunies. « Je plaide en faveur d’une alternance tranquille. Mon credo, c’est tout sauf une rupture brutale… » Le propos semble sincère. L’ancien jeune giscardien -« j’ai aimé l’homme et le président de la République »- déteste « les conflits et les lignes de fracture ». Sauf en cas de force majeure.
« Cette ville m’a tout donné »
Après la débâcle de 97, le cœur lourd d’une défaite « cruelle », le premier directeur de cabinet de Raffarin à la Région a claqué la porte de la vie politique. Longtemps. Plus de quinze ans d’une « évasion » entrepreneuriale à Biarritz. « Parce que j’y ai toujours passé mes vacances », se justifie-t-il. Sur la côte basque, le diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Poitiers a créé plusieurs magasins de prêt-à-porter. Sa petite entreprise emploie quatre salariés. Pendant tout ce temps, Eric Duboc a conservé son mandat de conseiller municipal à Buxerolles, mais aussi sa maison en centre-ville.
A mi-chemin entre le collège Saint-Joseph, que le député-maire a aussi fréquenté, l’Escem et le Conseil régional, ce fils d’une institutrice et d’un chef d’entreprise se sent « chez lui ». « Mes racines sont ancrées ici ! Cette ville m’a tout donné, j’aimerais le lui rendre… » La déclaration d’amour ne tient pas (encore) lieu de programme de campagne. Chaque chose en son temps. Avant de se lancer officiellement, le néo-Udiste consulte, échange, prend la température. Ses anciens amis en politique ? Silence radio depuis une paire d’années. « Mes vrais amis sont ailleurs. Vous savez, quand on n’est plus député, on n’est plus rien… » Motus et bouche cousue sur « JPR », dont il s’estime « encore proche ». L’exil biarrot l’a rasséréné. Il revient empli d’une forme de « sérénité », poussé par ses proches à se lancer dans la bataille des municipales. « Lorsque Serge Rouquette (Ndlr : chef de file des Centristes à Poitiers) m’a appelé avant le week-end de Pâques, je devais déjeuner quelques jours plus tard avec mon frère, ma sœur et ma mère. Quand je leur ai soumis l’idée, ils m’ont encouragé. Ce soutien est important. »
Admiratif de Ségolène Royal
Lui le jardinier amateur aimerait vraiment creuser son sillon dans cette terre poitevine en jachère à droite. Et si, seize ans après sa défaite face à Alain Claeys, Duboc-le-revenant renversait la table ? En douceur, on l’a compris… L’idée affleure. La perspective de travailler avec… Ségolène Royal « l’enthousiasme ». « J’ai, pour elle, une forme d’admiration et c’est quelqu’un avec qui j’arriverais à m’entendre. » En cas d’échec, il « dédramatisera » et retournera diriger ses magasins. Mais, dans son esprit, le doute n’est pas permis. Le « centriste humaniste » sent le « vent du changement » souffler sur la ville. Reste à savoir si la droite ira en bande décimée. Là-dessus, aucune garantie. Quoi qu’il en soit, Duboc a rallumé la flamme de l’envie, née un soir de 1978. Le jeune giscardien se prépare à l’alternance tranquille, alors que le tout-Poitiers l’avait oublié.
(*) Union des démocrates et indépendants.
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