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L’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique de la ligne LGV Poitiers-Limoges s’est ouverte jeudi dernier. À cette occasion, le « 7 » revient sur les enjeux de ce tracé et sur l’opposition qu’il suscite depuis plus de quatre ans déjà.
Le projet de ligne à grande vitesse entre Poitiers et Limoges ne date pas d’hier. Mais se concrétise un peu plus depuis le 30 mai, avec l’ouverture officielle de l’enquête publique. En préfecture et en mairie, tous les habitants intéressés sont invités à donner leur point sur vue sur le tracé et sur l’opportunité d’un investissement conséquent, estimé à 1,6 milliard d’euros. La création de ces 112km de lignes nouvelles s’accompagne de son lot de promesses.
Si tout se passe comme prévu, à l’horizon 2020, la capitale limousine se situera à moins de deux heures de Paris, à trente-cinq minutes de Poitiers, et bénéficiera d’un accès privilégié à l’axe Sud-Europe Atlantique (SEA) en construction. Le député-maire de Poitiers, Alain Claeys, est ravi du projet actuel, qui va accroître le trafic de la gare du centre-ville et transformer Poitiers en véritable étoile ferroviaire. Mais il s’avère relativement seul dans ce combat. La Région « ne s’opposera pas aux travaux, mais ne les financera pas non plus ». La députée Véronique Massonneau considère que la LGV « ne correspond pas aux besoins quotidiens de nos concitoyens ». Quant au sénateur de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin, il conditionne son soutien à la création d’une gare dans le… Montmorillonnais. Exigence qu’il sait irréalisable.
Quelle rentabilité ?
Les élus des communes du Sud- Vienne, uniquement traversées par la LGV, sont pour leur part contre cette saignée de leur territoire. Elle « bloquera tout achat ou vente de terrains sur les quinze prochaines années ». Réseau Ferré de France (RFF) annonce douze allers-retours par jour et plus de deux millions de voyageurs dès la première année.
Toutefois, le collectif « Non à la LGV Poitiers-Limoges », présidé par Nicolas Bourmeyster, met sérieusement en doute ces estimations : « La Polt, l’autre ligne qui effectue aujourd’hui la liaison Paris-Limoges en 2h45, ne réunit qu’1,1 million de passagers et, pourtant, elle est moins chère. » Le chercheur en médecine rappelle aussi que le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a affirmé qu’il ne fermerait pas la Polt : « Comment doubler la fréquentation sur une nouvelle ligne tout en gardant l’ancienne ? C’est aberrant ! » Chez RFF, on compte aussi sur les clients de Brive et de Cahors, véritable terminus de la voie.
Le soutien financier des collectivités du Limousin à la LGV SEA était lié à l’ouverture d’une enquête publique sur la LGV Poitiers-Limoges. Maintenant que c’est fait, il leur est impossible de retirer leurs fonds. Toutefois, les conclusions de la Commission Duron, chargée de définir les grandes infrastructures de transport prioritaires pour les trente prochaines années, ne devraient pas les rassurer. Dévoilées le 17 juin, elles devraient repousser cette ligne aux calendes grecques.
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