La timide offensive des véhicules électriques

La Touraine s’apprête à déployer près de trois cents bornes de recharge pour véhicules électriques. Les Deux-Sèvres devraient lui emboîter le pas. La solution ultime pour démocratiser l’usage de l’électromobilité ? Endépit de nombreuses incitations, le marché paraît encore balbutiant.

Arnault Varanne

Le7.info

Alterna se frotte les mains. La filiale de Sorégies a été retenue pour alimenter en énergie les quelque deux cent quatre-vingts bornes que l’Indre-et-Loire s’apprête à disséminer sur son territoire. Les premières verront le jour mi-juin et, là-bas, on espère que le verrou psychologique vis-à-vis du consommateur sautera très rapidement. « S’il y a aujourd’hui une cinquantaine de véhicules électriques en circulation dans le département, c’est le bout du monde », estime Dominique Ménard. Et pourtant, le directeur général des services défend l’investissement de 3M€ consenti par « son » Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et- Loire. « A un moment donné, il faut se lancer et créer les conditions du développement de l’électrique ! »

Le pari est audacieux. Dans la Vienne, personne n’a encore osé sortir du bois avec une telle ambition. Sorégies « réfléchit » encore, tandis qu’ERDF ne se positionnera qu’en tant que fournisseur d’énergie et non maître d’ouvrage. C’est, de fait, aux collectivités d’impulser le mouvement. Et à Poitiers, paradoxalement, le sujet ne semble pas prioritaire. La Ville et l’Agglo ont, pour l’heure, refusé les offres de la Région d’implanter une plateforme d’auto-partage de véhicules électriques (Région’lib), comme à Niort, Saintes ou… Châtellerault. Jean-François Macaire, premier vice-président du Conseil régional et élu de la Ville, ne désespère pas de convaincre ses collègues un jour.

« Evolution des mentalités »

En attendant, le lieutenant de Ségolène Royal met en avant le bilan des deux premiers appels à projets de la Région, en 2011 et 2013. À ce jour, la collectivité aurait financé l’implantation de 295 bornes, « sur les secteurs publics ou dans le privé ». A lui seul, le fournisseur d’électricité Seolis a sollicité une aide portant sur 90 bornes. Avec le désir que « l’automobiliste ne soit jamais à plus de vingt kilomètres d’une station ». Du côté des usagers justement, les collectivités et entreprises publiques tirent le marché. En quatre ans, Poitou-Charentes a ainsi accordé 619 subventions (jusqu’à 10 000€ avec les aides de l’Etat). Un chiffre faible ? « Il est évident que le marché n’est pas encore mature, reconnaît Jean-François Macaire. Au-delà des évolutions technologiques, il faut changer les mentalités. La question est de savoir ce qui fera que, demain, les gens pourront se déplacer librement, facilement et sans polluer. »

Aux premières loges, Karine Bacquié dresse un constat à peu près similaire. « Disons que les ventes n’explosent pas. Il faut changer les habitudes et c’est long », appuie la dirigeante de Ionesis, distributeur de Mia en région. L’arrivée de la Renault Zoé (2500 exemplaires vendus au premier trimestre) devrait contribuer à doper les ventes. Au même titre que « la volonté des acteurs publics », insiste Christian Poupel, business développeur de Saintronic. Le fabricant de… bornes (plus de 6 000 livrées) constate un frémissement « dans les grandes villes ». A n’en pas douter, l’électrique sonne la charge à son rythme.
 

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