Jean-Marie Panazol : "Priorité à la pédagogie"

Ancien membre du cabinet de Vincent Peillon, Jean-Marie Panazol est désormais à la tête de l’Ecole supérieure de l’Education nationale (Esen), dont le siège se trouve à Chasseneuil. Réforme de l’école, langues régionales, moral des cadres… Il répond sans détours.

Arnault Varanne

Le7.info

Vous avez passé dix mois au cabinet du ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon. Quelles
impressions vous laisse ce passage éclair ?

« Dans une carrière, passer au cabinet d’un ministre est toujours un moment exceptionnel, rare. Tous les petits aléas, comme la suppression des samedis et dimanches, les arrivées matinales et départs tardifs, on les oublie très vite. Arriver après une alternance politique était quelque chose de fort. J’ai participé à la mise en place de la loi, nous entrons dans une deuxième phase de gestion, de mise en oeuvre. »

De quels dossiers aviez-vous la charge rue de Grenelle ?
« Au moment de la grande concertation sur l’école, je me suis occupé des questions liées à la gouvernance et à l’évaluation du système éducatif. De façon plus permanente, j’étais en charge des filières technologiques, de la réforme des Greta et aussi de la question des langues régionales… »

C’est donc à vous que l’on devra peut-être l’enseignement accru des langues régionales dans les écoles…
« Oui, on peut dire ça ! J’ai dû recevoir tout ce que ce beau pays compte de promoteurs des langues régionales. Il y a onze langues officielles, reconnues, enseignées dans treize académies. La question est de savoir comment assurer cet enseignement lorsqu’il répond à une demande sociale. »

Entre la promotion de l’anglais à l’université et l’émergence des langues régionales, n’y a-t-il pas
un risque de fragiliser le français ?

« Le français a encore toutes les chances d’être une langue à part entière en France et dans le monde, dès lors que la société française sera dynamique, en mouvement, que ce soit sur le champ des valeurs, de l’économie… S’il y a un repli sur soi, une sclérose, le français disparaîtra. »

Revenons à votre mission à la tête de l’Ecole supérieure de l’Education nationale. Quel est le moral des cadres ?
« Je pense qu’il est meilleur aujourd’hui qu’hier. Le moral va mieux, parce qu’on a un ministre qui parle aux cadres, qui les met en face de leurs responsabilités. Vincent Peillon a compris qu’il n’allait pas de soi que les cadres portent les orientations ministérielles dans les territoires. »

Comment la réforme de l’école se met-elle en place sur le terrain ?
« La priorité est clairement à la pédagogie. Pendant cinq ans, on a été sur des objectifs de gestion pure, sur le modèle des organisations privées. Aujourd’hui, il y a une rupture claire. On doit réfléchir ensemble aux solutions qui permettent de progresser. On ne doit plus avoir les 15% d’élèves qui sortent du primaire sans avoir les bases, les 140 000 jeunes qui décrochent chaque année sans qualification… Il faut que nous améliorions l’orientation, le taux d’insertion dans l’enseignement supérieur et la formation des enseignants. D’où la création des Ecoles supérieures du professorat des professions de l’éducation. Les inspecteurs seront engagés dans la mise en oeuvre de ces écoles. »

(*) Inspecteur général de l’Education nationale depuis 2002, Jean-Marie Panazol a été en poste dans l’académie de Poitiers entre 2000 et 2002. Il fut aussi conseiller régional PS dans le Centre entre 2004 et 2010.
 

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