Une image à dépoussiérer

Souvent taxés de «repaires de nantis», les clubs services peinent à redorer leur image. Rotariens et Lionistes veulent convaincre le grand public que leurs portes sont ouvertes à toutes les bonnes volontés.

Ils savent que les idées reçues ont la vie dure. Mais ils veulent surtout croire que leur combat n’est pas perdu d’avance. Au cours de leur longue histoire, Lions et Rotary ont essuyé bien des tempêtes. L’heure est venue d’écoper l’embarcation, en réconciliant le «bon peuple» avec les valeurs fondatrices de leurs mouvements solidaires.

Oubliée l’image jaunie des patriaches bourgeois, faisant assaut de ripailles et ostentation de privilèges. Vive l’éveil des consciences. « Les réputations sont parfois plus longues à défaire qu’à faire. Dans notre cas, l’oeuvre de restauration risque de prendre encore du temps, mais on ne désespère pas. » L’homme qui s’exprime s’appelle Pascal Renard, président de La Romane, le dernier-né (c’était en 1997) des trois Rotary Clubs de Poitiers. Dans sa bouche comme dans l’esprit de la trentaine de Rotariens qui l’entourent, l’effort pédagogique rejoint la gageure. Et pourtant, chacun a de sacrés arguments à faire valoir. « Moi-même, explique Pascal, lorsque j’ai été invité, la première fois, à une réunion de Rotariens, j’ai affiché une forte réticence. J’y ai pourtant noué des contacts. Puis des amitiés sincères, totalement ignorantes de la raison sociale ou des inclinations politiques. »

A La Romane, la moyenne d’âge affichée est d’une cinquantaine d’années. On est loin de la représentation désuète des cercles séniles et autocratiques. La quête du pouvoir elle-même échappe d’ailleurs aux principes du club. « Nous changeons de président chaque année et connaissons son nom à l’avance, éclaire Pascal Renard. Il n’y a de fait aucune lutte d’influence, aucun sarcasme en coulisses. » « Il y a surtout une totale confiance en l’action de l’autre », abonde Nelly Bouchet, vice-présidente du Lions Club Aliénord’Aquitaine, le seul des trois clubs poitevins à ne pas être réservé aux hommes. « Cette distinction est notre marque de fabrique depuis dix ans, poursuit-elle. Le fait d’accueillir des hommes et des femmes, d’origines sociales très variées, participe selon moi à ce nécessaire dépoussiérage que nous appelons de nos voeux. » Aliénor comme La Romane cultivent les mêmes désirs d’ouverture, la même philosophie d’aide aux plus démunis, mais aussi la même exigence : que les membres, tous cooptés, aient une vraie « éthique » et une vraie « morale ». « Qu’importe qu’un adhérent soit maçon ou avocat, vieux ou jeune, explique Nelly Bouchet. Ce qui compte avant tout, c’est que l’énergie et le temps offerts le soient de manière totalement désintéressée. » Servir l’autre avant soi-même. Plus qu’un socle d’engagement, une ligne de vie.