Le Département dans <br>l'oeil du cyclone

Le gouvernement planche sur une vaste réforme du mode d’élection des conseillers généraux. Dans la Vienne, la mesure exacerbe les tensions, sur fond de craintes justifiées et de mauvaise foi à peine dissimulée.

Arnault Varanne

Le7.info

Drôle d’ambiance, l’autre vendredi, au Conseil général. Après une bonne heure d’échanges à fleurets mouchetés sur le thème de la réforme territoriale, Claude Bertaud se saisit du micro… pour s’étonner que les débats aient autant dévié sur le terrain politique. Un comble, après une semaine « de vide, de creux, de perte de temps et d’énergie », dixit Jean-Daniel Blusseau, chef de file de l’opposition de gauche. Une semaine de travail en commissions, faut-il le préciser. Les trente-huit conseillers généraux -cinq femmes, trente-trois messieurs- du Département voudraient légitimer la réforme du gouvernement Ayrault qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

Boulevard Aristide-Briand, l’heure des questions a sonné : le Département a-t-il encore sa place dans le millefeuille territorial ? « Les Départements doivent pouvoir continuer à jouer un rôle essentiel d’aménageur et d’animateur des territoires. Leur devenir ainsi que leur légitimité ne peuvent être remis en cause, notamment en matière d’économie », estiment les élus, dans une belle unanimité. Lors de la dernière « Décision modificative », ils ont d’ailleurs adopté une motion « relative à l’avenir » de la collectivité. Et argué de leur « proximité », notamment avec le monde rural, pour justifier leur action.

« Une parité forcée »

Le redécoupage des cantons et la mise en place d’un binôme de conseillers départementaux paritaires, sur chacun d’entre eux, entravera-t-il cette « proximité » avec la population ? Faut-il y voir un « tripatouillage électoral- », comme le suggèrent plusieurs (anciens) conseillers généraux de l’exécutif ? Ou bien « un début de solution » pour imposer la parité dans l’hémicycle ? Là-dessus, Béatrice Forestier se montre catégorique. « La parité forcée, c’est vraiment dommageable, c’est une forme de dénigrement pour les femmes », estime l’élue d’Initiatives et Progrès. Certains à gauche abondent dans son sens.

Mais au-delà des débats sur le bien-fondé de la réforme territoriale, majorité et opposition ne feront pas l’économie d’une réflexion approfondie sur leurs rôle, marge de manœuvre et clivages politiques. A quelques exceptions près, exécutif et opposition votent comme un seul homme les délibérations préparées par les services. Comme si le Département s’était transformé, l’air de rien, en véritable chambre d’enregistrement. Action sociale, gestion des collèges, économie… Les lignes de fracture sont aujourd’hui ténues. De quoi provoquer très vite un « choc de simplification » ? Réponse dans les semaines à venir.
 

Le profil des élus en chiffres

36. Soit l’âge de la plus jeune conseillère générale, Sandrine Martin (PS).
76. Comme l’âge du plus vieux conseiller général, Arnaud Lepercq, élu la première fois en 1982).
63,5. C’est l’âge moyen des élus hommes au Conseil général de la Vienne. Neuf conseillers généraux ont plus de 70 ans.
13,3. Comme la durée moyenne du mandat des conseilleurs généraux. Le record de longévité ? 40 ans, détenu par Francis Girault.

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