Le corps et le coeur meurtris

Marion Brun (*) a été victime de violences conjugales pendant quatre longues années. Si, aujourd’hui, elle choisit de raconter son histoire, c’est pour que « la honte change de camp ».

Arnault Varanne

Le7.info

Le jour de son mariage, Marion Brun(*) portait une belle robe blanche… et un oeil au beurre noir. Le maquillage dissimulait à peine les traces d’une violence sans nom. Une barbarie destructrice. Tout avait pourtant si bien commencé… A 24 ans, Marion tombe amoureuse. Quoi de plus normal pour une belle et jeune étudiante ! Le couple est extrêmement fusionnel. Les trois premiers mois de relation s’avèrent « idylliques ». Un jour, sans crier gare, la main de son conjoint s’abat avec rage sur son visage. Peu à peu, Marion est prise au piège d’une spirale infernale, mêlant coups, humiliations et viols à répétition. « Je ne voulais pas voir nos problèmes. J’avais tellement honte. »

Même enceinte, Marion n’échappe pas à la colère de son compagnon. « Je savais que les coups portés auraient pu avoir de graves conséquences pour mon bébé. Mais je me disais qu’un enfant devait être élevé par ses deux parents. J’étais certaine que tout allait s’arranger. » Malheureusement, Marion se trompe. La brutalité de son mari ne fait qu’empirer. « Mon corps était entièrement recouvert de bleus. Je ne ressemblais plus à rien. » Bien sûr, son entourage se doute de quelque chose. Mais elle refuse de dévoiler l’abominable vérité. Son nez fracturé ? Une bataille d’oreillers qui a mal tourné…

« Devoir conjugal »

En 2003, quatre ans après le début de son « histoire d’amour », Marion a le déclic. à la suite d’un énième viol, elle
décide de prendre ses deux enfants sous le bras et de quitter le domicile conjugal. « J’avais peur qu’il s’en prenne à mes petits et que je ne puisse pas les protéger. » La jeune femme ne pèse alors que 42 kilos. Elle se rend à l’hôpital le plus proche et demande à être reçue par un gynécologue. Pendant deux heures, elle patiente dans la salle d’attente en scrutant une affiche « Violences conjugales, briser le silence ». « Je me suis écroulée. » Malgré toutes ses souffrances, elle trouve la force de porter plainte contre son bourreau.

« Sans cela, mes enfants n’auraient peut-être plus de maman aujourd’hui. » Les démarches administratives sont longues et éprouvantes. « L’agresseur est accompagné pour se défendre, mais la victime, elle, est toujours seule dans son combat. » En 2006, le procès aux assises s’ouvre enfin. « J’ai refusé qu’il se fasse à huis clos. La violence ne fait pas partie de l’intimité. » Là encore, Marion doit affronter le regard des autres et les remarques dures à avaler.
« L’avocat de mon ex justifiait les viols en affirmant que je ne me pliais pas au devoir conjugal. Il ne faisait que son boulot, mais ces arguments ont été très durs à entendre. » Dix ans après la fin de son calvaire, Marion a réussi à cautériser ses blessures physiques et morales. Bien sûr, certaines cicatrices ne se refermeront jamais. Mais elle l’affirme haut et fort : « Je ne suis plus une victime. »

(*) Les nom et prénom ont été modifiés.

419. C’est le nombre de faits de violences conjugales constatés par les services de police et de gendarmerie, en 2012 dans la Vienne. Ce chiffre était de 370 en 2011 et de 344 en 2010. Au niveau régional, le nombre de faits répertoriés est en moyenne de 1,3 par jour.

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